Avec des émissions débiles de morons perdus dans le bois comme Vol 920, des super-navets comme Police Academy IV et autres Tueuse d’une demi-tonne, la télé me donne une calisse de bonne raison de sortir de chez moi. Ce n’est pas très beau dehors, le froid et la pluie me donne l’impression de vivre dans un roman polonais. Le temps idéal pour voir un show d’Iceage? En route direction la Vitrola, boulevard Saint-Laurent, pour le festival Suoni Per Il Popolo!
En prenant notre traditionnel repas d’avant show, Steve me parle de ses inquiétudes de photographe point de vue lumière, comme d’habitude. On discute stratégie car la soirée s’annonce longue avec quatre groupes. Le petit resto portugais, coin Saint-Laurent et Mont-Royal, est très bien. Par contre, je mets trop de sauce forte sur mes frites et c’est la gueule en feu que je passe le reste de la soirée.

Vers 10h30, le duo italo-nihiliste Father Murphy monte sur scène. Une belle surprise. Le groupe donne dans l’expérimental à la DNA avec une influence psychédélique très Ummagumma des Pink Floyd avec ses nappes de brouillard angoissantes. Oui c’est étrange, mais les italiens y mettent tellement de conviction qu’on y croit. Après leur prestation, Chiara Lee, la claviériste, a même la gentillesse de me guider dans la discographie du groupe à la table des marchandises.

Vient ensuite Lower, groupe danois. C’est triste comme du Mario Pelchat, mais dans un style plus lyrique. C’est pas mal, avec beaucoup d’émotions : bonne musique automnale. Ensuite, viens Merchandise, un groupe de rock générique de la Floride. Pas très audacieux. Un drôle de choix qui jure un peu avec le reste de la programmation… Mais bon, on est là pour s’amuser!

12h30, la formation Iceage, de Copenhague, monte sur scène. Actif depuis 2008, le groupe mélange les influences post-punk, noïse, hardcore et no-wave. Autant d’influences mâchouillées puis recrachée avec du venin. Sûrement un des groupes les plus enragé des dernières années. C’est radical, sauvage et vindicatif, comme une raclée à coups de pelle. Les danois viennent défendre leur 3ième album, Plowing Into the Field of Love. Elias Bender Ronnenfelt, le chanteur, arpente la scène avec l’attitude pissed off. Son modeste talent de chanteur est largement compensé par une fougue type Ian Curtis (Joy Division) rencontrant Ian Mackaye, époque Minor Threat. Le nez collé sur la scène, c’est très impressionnant. Elias Bender Ronnenfelt est en état de grâce, lui qui peinait à tenir debout avant de monter sur scène. Le freluquet possède un rare magnétisme qui relègue le reste du groupe à titre de figurants. L’interaction avec le public est constante, dans un incongru rapport amour-haine. Je te pousse, tu me pousses, bing bang dans le drum! La chaleur monte. La foule compacte rassemblée devant la scène est secouée de spasmes ondulatoires. Elias n’est pas le plus bavard (quelques mots seulement, presque inaudibles), les pièces s’enchainent comme les balles d’un Kalachnikov. La prestation est sans faille, servie dans l’urgence du sans lendemain. Après une heure et quart de fureur juvénile, M. Ronnenfelt se sauve en nous gratifiant d’un timide « Thank you », semant la confusion dans la foule et aussi sur scène…Mais où est-il passé? Pas de rappel? Dossier mystère. C’est dommage que les hits des deux premiers albums ne soient pas joués (Ecstasy, Morals, You’re Nothing, You’re Blessed). Cela dit, je comprends aussi la décision du groupe de ne jouer que les nouvelles pièces. C’est aussi ça, l’attitude punk…

À presque 2h du matin, je cherche mon char : c’est quoi déjà la marque? En plus, j’ai un maringoin dans l’oreille gauche, mais j’ai un peu moins la gueule qui chauffe, reste encore l’haleine de dinosaure…

Texte : Fred Lareau

Photos : Steve Cabana

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