Sous les projecteurs

Le trio américain Spotlights était en ouverture de ce spectacle présenté à guichets fermés au Café Campus. Pour la première fois à Montréal, le groupe originaire de Brooklyn et signé sous l’étiquette Ipepac Records, nous convie à découvrir une musique parfaitement hypnotisante. Utilisant des modes de compositions parfois atonales, technique fortement utilisée par Deftones avec qui la comparaison se fait d’ailleurs assez rapidement, Spotlights propose un son avec beaucoup de Stoner et de Sludge où on y entend parfois des accents progressifs de groupes tels Neurosis ou Godflesh. Les parties atmosphériques m’ont à bien des égards semblé plus intéressantes que les parties lourdes, mais dans tous les cas Spotlights a conquis plusieurs Montréalais avec cette performance. Leur style est très différent de ce que Igorrr allait nous faire entendre, mais malgré tout, ça m’a semblé être un choix judicieux.

Igorrr, le sougrenu

Avec un nom comme celui-ci, on s’attend à voir surgir sur scène un tsar russe, grand et barbu, c’est plutôt l’image d’un guerrier amazonien que l’on voit apparaître devant nos yeux. Le quatuor français composé de deux chanteurs, un batteur et un D.J. nous propulse dans un univers saugrenu, déconstruit et décomplexé. Les musiciens sont parfaitement en contrôle de leur art, les voix sont particulièrement en formes et puissantes. Nous sommes entre l’univers d’un jeu vidéo du futur et la pure bestialité. Tout est parfaitement encadré et maintenu par le métronome qui anime le batteur et le D.J. Il n’y a aucune place pour l’erreur. La performance est impressionnante. La mise en scène un peu moins. Même si la musique est infiniment captivante, on se rend vite à l’évidence que les deux chanteurs passent de longs moments hors scène ou tout simplement à se faire aller les cheveux sans trop savoir où se placer. Musicalement, tout est trop calculé, visuellement pas assez. Les pièces sont effectivement d’une richesse et d’une complexité musicales exceptionnelles, mais ça tourne un peu en rond. Elles sont toutes construites sur le même modèle; on débute par une partie d’opéra, s’en suit un beat électronique psytrance décadent, le batteur enchaîne pour ajouter de la lourdeur, Igorrr remonte sur scène pour crier (merveilleusement), et on recommence. Ça en vient un peu lassant, on finit par savoir ce qui s’en vient et nous sommes rarement surpris. Ce serait légitime pourtant de s’attendre à autant d’expérimentation dans la formule des pièces que dans leur contenu. Mais ce fût très impressionnant et autant divertissant.

Texte: David Atman

Photo provenant du Facebook du groupe: Bands Through The Lens