Pour beaucoup de néophytes, l’univers du progressif se résume en grande majorité aux groupes qui ont popularisé le genre dans les années» 70, aux quelques un qui ont gardé le flambeau dans les années» 80 et à Dream Theater aujourd’hui. Pourtant, dans l’ombre, une panoplie de bands a poussé le genre dans toutes sortes de directions et l’a fait se réinventer. Quand on joue du rock ou du métal progressif, le succès populaire est souvent hors de portée. Certaines formations ont pourtant réussi l’épreuve du temps et gagnés un succès d’estime en composant des albums innovateurs qui ne rentrent dans aucun moule. C’est pourquoi les rares venues des Suédois de Pain Of Salvation en terres québécoises sont un événement à ne pas manquer. Il y a maintenant 20 ans qu’ils ont sorti leur premier disque et ils n’ont jamais cessé de surprendre. Leur force et leur originalité a été de réussir à jouer une musique hyper technique sans qu’on s’en rendre vraiment compte et où l’émotion reste ce qui est en avant plan (ce qui fait défaut à beaucoup de groupes de prog). Le tout en ne voulant jamais prendre position entre rock ou métal. Leur dernière parution, In The Passing Light Of Day est pour moi déjà en lice pour le meilleur album de 2017.

Le Café Campus n’affiche peut-être pas sold-out, mais un nombre considérable de personnes se sont déplacé ce soir. Le parterre est bien garni et plusieurs personnes sont assises au balcon pour plus de confort. Dès que les cinq musiciens entrent en scène, la joie est palpable et l’on sent qu’ils sont en terrain conquis. Dès le départ, j’ose espérer que les fans sont aussi enthousiasmés que moi par le dernier album du groupe, car ceux-ci sont réellement ici pour nous le présenter. Plus de la moitié du spectacle lui sera consacré et c’est la pièce Full Throttle Tribe qui nous sert d’introduction. Déjà l’on voit qu’on ne sera pas déçu. Le chanteur, guitariste et leader Gildenlöw est tout en voix et visiblement heureux d’être là. Seul membre maquillé du lot, le guitariste Ragnar Zolberg est sans contredit le plus charismatique de ceux qui accompagnent le fondateur du groupe et ses harmonies vocales ajoutent une dimension inestimable à toute la prestation. Personne n’est en reste et les interprétations sont irréprochables. Quelle joie quand le talent des musiciens est à la hauteur de la qualité de leurs compositions!

Évidemment, c’est la musique qui est à l’honneur et le show est dépourvu de tout artifice. Mais, même si ça ne bouge pas beaucoup sur scène, la foule est comblée et elle le fait savoir. Vers le milieu du set, nous quittons leur dernier disque pour un trio de morceaux tiré de leur classique Remedy Lane qui fait ressortir le coté plus métal progressif de leur carrière. Mais s’il y a un moment fort pour moi, c’est bien Ashes tirée de The Perfect Element, Part I. Même si j’avais écouté leur premier disque Entropia en boucle c’est avec celui-ci que j’ai découvert à quel point il était un groupe à part. À entendre autant de monde chanter en chœur, je ne dois pas être le seul. Après une interprétation mémorable de Silent Gold, ils nous annoncent qu’il ne leur reste qu’une chanson à jouer. Si la foule fait entendre son mécontentement, c’est qu’elle ne sait pas ce qui l’attend. On A Tuesday est effectivement la dernière pièce avec plus de dix minutes au compteur. Ils nous reviennent toutefois avec The Passing Light of Day qui dure à elle seule plus de quinze minutes.
Nous avons eu droit ce soir à une leçon de professionnalisme et de talent comme très rarement il nous arrive d’en avoir. Pain of Salvation reste encore un secret bien gardé dans l’univers du métal, mais malgré tout, ils ont une base solide de fans qui sont là pour les soutenir. C’est d’autant plus vrai que, même une fois le show fini et les lumières de l’endroit allumées, le groupe est obligé de revenir sur scène pour nous remercier et nous dire au revoir une autre fois tellement l’assistance est bruyante et survolté. Voilà une soirée qu’ils ne sont pas près d’oublier en espérant que ça leur donne envie de revenir à Montréal dans un avenir rapproché.

Texte: Sébastien Léonard
Liste des chansons :
Full Throttle Tribe
Reasons
Meaningless
Linoleum
A Trace of Blood
Rope Ends
Beyond the Pale
Ashes
Silent Gold
On a Tuesday
Rappel :
The Passing Light of Day