Un album inspirant, touchant et qui se démarque par son authenticité percutante, l’album Tempered Tantrum  de Lucas Choi Zimbel porte très bien son nom. S’il est facile de se perdre dans la fluidité et la légèreté de son jeu de guitare, sa langue parfois acerbe, mais toujours juste, nous délivrent des textes percutants. On pense surtout à la cinquième piste de l’album: «Empathy Goes Home, While Apathy Dances», un genre de slam accompagné d’une guitare légère qui se présente comme l’antithèse du texte nous dresse un portrait drabe et gris de notre paysage urbain. Mais si cette pièce reste la seule où Zimbel se permet ce genre de prose, on ne peut nier la richesse de ses textes.

D’ailleurs l’album ouvre avec l’excellente «Take a Long Look at Yourself». Cette première pièce est un microcosme de ce que l’on va retrouver tout au long de l’album: des textes imagés parfois décousus, une guitare basée autour d’une basse continue hypnotisante et inventive et finalement un refrain accrocheur. On retrouve en fait deux catégories de chansons dans cet album… Les pièces plus inventives telles «Take a Long Look at Yourself», «Empathy Goes Home, While Apathy Dance», «This Backwards Town» qui, quoique plus chaotiques ou décousues, ont certainement leur charme et abordent des thèmes plus personnels; «Talk Taboo» est d’ailleurs un très bel exemple de cette accessibilité et sentimentalité présente au travers l’album. Pièce qui saigne le mal-être et la douleur face à la perte d’un être cher, est parfaitement touchante. De l’autre côté, on retrouve les pièces à formes plus traditionnelles: Bluegrass, Folk, Ragtime et autres vestiges de l’Americana. Nulle n’est un meilleur exemple que la huitième pièce de l’album «What Owns Who» qui aurait aussi bien être chantée dans les années 1940 qu’aujourd’hui. Si la musique est ancienne, les thèmes sont tous au goût du jour et en aucun cas pourrions-nous les trouver monotones ou faciles.

La langue acerbe de Zimbel ne se prive pas de souligner les injustices sociales, le narcissisme politique et la misère du peuple. On peut être d’accord ou non avec l’article d’Éric Fauché paru chez Urbania le 3 mai dernier[1] qui se demandait si les folkeux étaient les nouveaux punks (Je crois quant à moi que les thèmes et les batailles du punk sont nés dans les rangs des artistes folks contestataires de la première moitié du vingtième siècle des États-Unis et de l’Angleterre. Un répertoire important de chansons protestataires a été écrit et joué pour alimenter les nombreux mouvements ouvriers du siècle passé. Ce dernier s’est transformé sous le renouveau folk dont la figure de proue était les Bob Dylan, Pete Seeger et Peter Paul and Mary pour ne nommer qu’eux et on a progressivement oublié les textes et les violences qui ont marqué le folk d’antan malgré les liens que l’on pourrait faire avec les débuts du punk, en Angleterre surtout, qui était marqué par une guerre de classe et un rejet du fardeau que représente la quête égoïste du progrès capitaliste et libérale qui n’a de place que pour ceux qui se plient à ses veux), mais il est clair que Zimbel jongle parfaitement les formes et formules folk avec la poésie parfois nihiliste, parfois personnelle et toujours virulente du punk. Les 13 pièces de l’album sont aussitôt arrivées, aussitôt parties et nous laissent sur notre faim. On peut se compter chanceux que l’album soit parfaitement bien ré-écoutable autant dans la voiture que dans le salon en famille.

Si vous avez l’intention de soutenir notre scène locale, il est à noter que Zimbel lance son album Vendredi le 10 mai au Quai des Brumes !

[1]https://musique.urbania.ca/article/les-folkeux-sont-ils-les-nouveaux-punks/?fbclid=IwAR0jd8c0sUk-0h3_d1oLuMSe_-2r4FFZ0i5smcaL7ewhUQasbB8KZg37qEc