Ceci n’est pas une critique de spectacle, mais une ode au majestueux, un madrigal au(x) créateur(s), un plongeon dans les méandres éthérés de l’inconscient, là d’où la musique de The Tea Party prend la forme d’un mantra ancien partagé par l’oralité depuis l’an zéro. L’eau ruisselle sur les parcelles de ciel afin que s’emportent les sempiternelles âmes solitaires devant l’insaisissable et immaculé destin.

Les cérémonies de yage, les tea party, d’Allen Ginsberg et de William Burroughs allaient donner naissance à la forme la plus pure du Rock «n Roll. Et, la tradition perdure depuis déjà trois décennies.

Alors que le monde tombe en ruine, et qu’il ne reste plus que la profondeur des abysses pour s’oublier, se retrouver. C’est le lieu de tous les fondements, la source entière prise dès ses premiers balbutiements. C’est l’endroit, et le moment, où Jeff Martin nous invite à prendre part à la danse, au carnaval de la décadence. C’est le jeu de la chaise musicale à l’intérieur de notre pire cauchemar. L’inutilité. L’obsolescence. L’antigravité. Un mandala de perceptions effrayantes et de douleurs indiscernables dans une gestion contrôlée de l’énergie.

Les lumières s’allument sur un tableau majestueux. Le brumeux prince de Windsor entre en scène comme une chauve-souris miséricordieuse. Le trio de sages retombe à la Transmission du primitif.

«Écrit avec ton sang, et tu verras que sang est esprit.» Écrivait Nietzsche dans toute sa folie créatrice vers le surhomme. C’est une forme de dictature sur le corps, une épouvante à l’origine des plus grands morceaux de Rock Canadien.

Sombre… parfois très sombre. Surtout profond. Sensé. Une sublime torture aux accents de Blues. Les guitares acérées tranchent les veines et saturent l’intellect. Les percussions tapageuses sont divisées en infimes particules de précision qui s’étendent en ampleur et en portée, toujours pleinement soutenues par les mélodies de basse baroque et Cold-Wave.

Le Temple

«Fuck MTelus, this is Metropolis

Les fans se sont assagis, bien loin derrière cette époque où le plancher du Métropolis vibrait sous le poids d’un mosh-pit et croulait sous la foule en body-surfing. Bien loin cette époque du concert dionysien et de l’orgie sur la place publique. Mais, The Tea Party n’a pas perdu sa verve ni sa ferveur. Deux longues heures d’époumonage et de solos du diable n’ont pas eu raison de l’entité Jeff Martin. Trois décennies n’ont pas eu raison de The Tea Party. Le 21è siècle n’aura pas plus raison de l’œuvre monumentale et intemporelle qui a été créée par ces trois Ontariens. Lorsque la musique devient poésie, c’est précisément là qu’elle s’inscrit dans l’intemporalité. Infini.

Photos: Helene Dickey