Vendredi dernier avait lieu au National The Pandemic Wolf March, une tournée nord-américaine à saveur décidément black métal. L’évènement présentait Watain accompagné de Deströyer 666 ainsi que de Revenge pour une soirée des plus divertissante.

Une introduction bruyante

C’est le groupe Revenge qui ouvre la soirée à 19 h pour une programmation qui se veut réglée au quart de tour. Je n’avais jamais entendu la formation albertaine performer auparavant, mais en ce qui a trait à la découverte musicale, j’y vais le plus souvent avec l’esprit ouvert dans l’idée que chaque groupe a quelque chose à offrir. Malheureusement, force est de constater que je ne suis pas fan de tous les genres de métal; j’ai eu peine à déceler une seule mélodie notable dans l’ensemble de leur prestation. En fait, ils m’ont rappelé ce que ma mère pensait elle-même du métal lorsque j’étais une adolescente: «C’est juste du bruit! ». Je me dis donc, avec toute la sagesse de ma vie d’adulte, qu’il est très possible que ce soit une sensibilité que je ne possède simplement pas envers ce style de black métal extrême. Comme pour confirmer mes propos, un certain nombre de personnes était au centre de la foule et semblait vraiment apprécier le spectacle. Cela étant dit, quelque chose que je ne peux enlever au groupe est leur attitude sur scène, en particulier celle du bassiste, qui a conservé son look grim et agressif durant la totalité de la performance. À défaut d’aimer leur musique, ils m’ont fait bien sourire!

Suite à Revenge vient au programme Deströyer 666, et encore une fois, il s’agit d’une formation que je ne connais pas. À l’inverse du premier groupe, toutefois, je suis agréablement surprise par ce que je découvre. Leur tonalité trash-black offre quelque chose de particulièrement authentique et d’accrocheur. Le chanteur et guitariste K.K. Warslut interagit beaucoup avec la foule, lui et les autres membres du groupe ont une belle énergie sur scène à laquelle le public répond vraiment très bien. Il joue à peine 45 minutes avant de devoir laisser place aux techniciens, mais moi ainsi que le reste de l’assistance en aurions pris bien plus.

Les décors, qui étaient préalablement couverts par des banderoles à l’effigie des groupes précédents, laissent maintenant voir des accessoires en tout point inspirés de l’enfer. Huit piliers surmontés de tridents sont reliés par des chaînes d’acier, ce qui renvoie au thème et à l’imagerie du plus récent album de Watain, Trident Wolf Eclipse, paru un peu plus tôt en 2018. Également, sur le devant de la scène entre les musiciens et la foule, se situent deux immenses chandeliers en forme de croix inversée surmontée de bougies qui brûleront durant l’entièreté de leur prestation. On peut toujours compter sur Watain pour détoner visuellement et créer une atmosphère incroyable en spectacle.

La messe noire commence

Après un intermède d’au plus trente minutes, la formation suédoise tant attendue fait finalement son apparition. Les membres du groupe arrivent un à un sur scène et entament la chanson Devil’s Blood, durant laquelle le chanteur Erik Danielsson commence les préparatifs rituels pour l’ouverture de leur spectacle. Il allume des bougies sur un candélabre faisant face à la batterie et remplit un crâne d’animal d’une substance obscure pour ensuite le tenir à bout de bras dans les airs. Connu pour leur utilisation d’accessoires putrides ou dégoutants, Watain se veut fidèle à sa réputation et, à la fin de la chanson, le chanteur projette ce qui s’avère être du sang dans la foule. Ayant calculé le risque que ça se produise, je m’étais préalablement éloigné de la scène. Grand bien m’y fasse, le public a maintenant reçu sont sacrement et la procession peu donc continuer. Un léger moshpit commence durant Black Flames March et gagnera progressivement en intensité pendant le reste du spectacle. Le groupe performe des pièces provenant de chacun de leurs albums, donc les adeptes du vieux Watain sont autant servie que ceux préférant leur matériel plus récent. Ils poursuivent dans l’ordre avec Angelrape, Satan’s Hunger, Furor Diabolicus, Outlaw, Sacred Damnation, Malfeitor, Towards the Sanctuary et On Horns Impaled. Comme finale, Watain exécutera une magnifique interprétation de The Serpent’s Chalice, suite à quoi le groupe quittera la scène. Une musique d’atmosphère commence et dure pendant plusieurs minutes, laissant la foule espérée pour un rappel, avant que les lumières ne s’allument à nouveau à 22 h 30 pour indiquer la fin du spectacle.

Watain vendredi dernier au National fut absolument magistral. Ils nous en ont mis plein les yeux et les oreilles pendant les 75 minutes qu’a durée leur performance avec leur musique bien exécutée et leur visuel impeccable. Il s’agit d’un groupe qu’il me plaira à voir et revoir, dans un avenir proche ou lointain.

Texte: Isabelle Sullivan