Même les mélomanes et les critiques de spectacle depuis plus de dix ans manquent parfois le bateau et on s’aperçoit que quelque chose nous est passé sous le nez sans qu’on s’en rende compte. Et c’est là la joie de faire ce travail, on se retrouve à aller voir des shows que l’on n’aurait pas vus autrement et certaines fois, on a de belles surprises. Ce soir j’étais ici que pour appuyer ma très bonne amie Hélène qui venait pour vous gratifier de la superbe galerie photos de la soirée qui vient avec ce texte et, je dois vous l’avouer, je n’ai pas regretté d’y être allé!

Première surprise de la soirée, le Britannique Frank Tuner accompagné de son groupe The Sleeping Souls. Le nom m’était vaguement familier, mais sans plus. L’ancien chanteur du groupe post-hardcore Million Dead officie depuis 2005 comme artiste solo qui joue un rock qui, bien qu’il soit acoustique, ne manque pas d’énergie. S’il m’avait semblé que l’endroit paraissait un peu vide au début, il ne fallut pas très longtemps pour que ça se remplisse et que le party prenne. Il n’y a pas à dire, ce personnage est un vrai «entertainer» comme disent les Anglais. Il sait comment nous flatter dans le sens du poil en nous parlant en français fréquemment et en allant même à nous chanter une de ses chansons complètement en français (avec quelqu’un qui tenait les paroles devant lui). Un spectateur chanceux aura la chance d’aller jouer de l’harmonica sur scène avec l’artiste et son groupe. Un moment qu’il n’oubliera pas de sitôt, j’en suis sûr. Généreux de sa personne, le chanteur n’hésitera à sauter dans la foule pour y faire une séance de «bodysurfing» et serrera la main de plusieurs de ses fans à la fin de sa prestation. Pendant un instant, on oublia complètement qu’on assistait à une première partie et c’est toute à son honneur. Je suis sûr que je ne suis pas le seul nouvel admirateur qu’il s’est créé ce soir, d’autant plus qu’en écoutant ses albums (légalement sur Google Play Music) en écrivant ce texte, je n’ai pas été déçu. Vous me verrez dans la foule à sa prochaine visite parmi nous.

La barre était placée haute pour le groupe Ontarien Arkells. Pas de problème, ils étaient prêts et ils en ont profité pour surfer sur l’énergie déjà présente dans la salle gonflée à bloc par la prestation précédente. L’arme secrète du band est sans contredit le chanteur Max Kerman. Ce dernier est charismatique à souhait et est un vrai meneur de foules. Si j’ai trouvé que leur musique manquait un peu d’énergie et d’originalité en studio, j’ai vite découvert que c’est en live que ça se passe pour eux. Difficile de ne pas taper du pied ou danser à mesure que leurs pièces s’enchainent. C’est de toute beauté de voir et d’entendre la foule chanter en chœur pendant 11: 11. Juste après, tout le groupe se retrouve au centre de la scène pour une belle version acoustique de And Then Some ou la chimie entre les cinq musiciens est palpable. L’atmosphère est tellement électrisante que même pendant ce moment plus calme un fan s’essaie au «bodysurfing»

Le band n’est pas à court d’idées pour dynamiser cette soirée. Pendant Oh, The Boss is Coming un jeune garçon est invité par le chanteur à jouer de la guitare avec eux. On peut voir la joie et le plaisir dans les yeux de l’heureux élu. Ils le laissent même faire un petit solo de guitare. Je pensais qu’il ne voudrait jamais descendre de là! La suite est encore mieux avec l’arrivée sur les planches de Frank Turner sous les cris nourris du public trop content de le voir réapparaître. Celui-ci est amené à prouver son doctorat en rock n’ roll en réussissant un Karaoké complètement dédié à des chansons de Bruce Springsteen.

Avec un solo de Keyboard de Anthony Carone, Max qui descend dans la foule chanter Drake’s Dad, une réelle proposition en mariage pendant Dirty Blonde, Frank et tous les membres de son groupe The Sleeping Souls qui viennent jouer pendant Private School et un rappel de trois chansons, je peux facilement dire que cette soirée fut une des plus divertissantes que j’ai vues au Metropolis depuis longtemps. Rarement j’ai assisté à tant d’enthousiasme, autant de la part du public que des musiciens, et même de la première partie. Si un de ces deux groupes revient en ville, je ne peux que vous conseiller d’y aller.

Texte: Sébastien Léonard

Photos: Helene Dickey