Bon. J’étais supposé aller voir le spectacle de Thundercat la semaine dernière, mais…. J’ai donc décidé de prendre un break de télétravail pour faire une critique de l’album «Drunk», paru en 2017. Thundercat, de son vrai nom Stephen Brunner est un bassiste de session qui a commencé sa carrière avec Suicidal Tendencies (il a remplacé Robert Trujilo lorsque ce dernier a joint Metallica) et a enregistré avec tous les artistes populaires de L.A (allez voir sa liste de collaborations sur AllMusic.com si ça vous branche) dont Kendrick Lamar, Flying Lotus et Whiz Khalifa, qui participent à l’album.

Album mélangeant les complexités harmoniques et rythmiques du jazz contemporain avec les nuances et tendances du Hip Hop, Drunk de Thundercat est un album qui ne se prête absolument pas à faire du télétravail! Dans les 5 premières minutes, j’ai dû arrêter et réécouter des passages pour m’assurer de bien comprendre ce qui se passait. La densité et la cacophonie funky de la «Captain Stupido» me fait penser à Maggot Brain de Funkadelic, tandis que la pièce suivante «Uh Uh» donne plus dans le Jaco Pastorius ou le Victor Wooten que dans le slow groove R & B habituels. Ce qui est captivant de cet album est l’humour qui le parcourt. On chante vouloir devenir un chat sur «A Fan’s Mail» et Thundercat invite aussi Malcom McDonald (des Doobie Brothers entre autres) et Kenny Loggins (si vous avez écouté un seul film d’action durant les années 80 et 90, vous l’avez surement entendu chanter. Ses hits incluent « Highway to the Danger Zone » du film Top Gun et “Footloose” du film éponyme). Kendrick Lamar («Walk on By») et Wiz Khalifa viennent aussi prêter main-forte à Brunner le temps de quelques chansons. Les pièces sont courtes comme si on écoutait un album de punk. C’est comme écouter des moments musicaux absurdes en petites doses concentrées. En 2: 10, la pièce «Tokyo» nous informe que le chanteur va aller se cacher dans la Suicide Forest, chercher les machines à Pachinkos et autres éléments de la culture populaire japonaise qui m’échappent parce que j’ai 33 ans et j’ai passé à côté de la vague Pokémon et Dragon Ball Z quand j’étais au secondaire et mes enfants sont trop jeunes pour s’intéresser aux Mangas.

Par contre, il ne faut pas penser que l’album n’est que le produit de la créativité de Brunner. Louis Cole, du groupe pop/électro Knower et Denis Hamm, claviériste qui compte plus de 54 crédits de collaboration depuis 1996, et du producteur Sounwave qui a entre autres travaillé sur les albums DAMN. Et Good Kid, M.A.A.D City de Kendrick Lamar et Lover de Taylor Swift ont tous participé au projet. Cet album est un collaboratif impressionnant qui marie les players les plus hot de L.A en ce moment et ça s’entend! Après avoir écouté l’album au complet, on sent que Brunner nous a fait voyager dans un trip d’acide TDAH. Avec la vitesse à laquelle les pièces s’enchainent, on ne comprend pas tout ce qui nous est lancé et on sent que lui et ses collaborateurs, libres des limites associées à la collaboration avec des artistes populaires, ont juste laissé leur créativité exploser dans tous les sens.

La seule image que je peux utiliser pour l’exprimer clairement est la suivante: Écouter cet album c’est l’équivalent d’aller courir un Color Run en prenant de l’acide! En cette période de quarantaine et de distanciation sociale, c’est une proposition particulièrement alléchante.

«Drunk» Thundercat

Knower Live Sesh

 

Bonne lecture et surtout Bonne Écoute!

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