Aujourd’hui, j’étais supposé aller voir Dweezil Zappa interpréter un des albums phares de la discographie impressionnante de son père Frank Zappa, et par là je veux dire Hot Rats, paru en 1969. Par contre, la vie étant ce qu’elle est en 2020, je suis confiné au travail et je vais donc faire une critique (50 ans plus tard) de l’album.

L’album Hot Rats est le premier vrai album solo de Frank Zappa dont le groupe The Mothers of Invention (dont l’album Freak Out! Paru en 1966 a eu l’honneur d’être le premier album double de rock à paraitre) était en fin de vie. Compositeur extrêmement productif, Zappa semblait avoir poussé le groupe à sa limite et s’est donc entouré des meilleurs instrumentistes disponibles afin de pouvoir mettre son projet à jour. Un album considéré comme étant un des instigateurs du mouvement jazz fusion avec Bitches Brew de Miles Davis et The Inner Mounting Flame du Mahavishnu Orchestra de John Mclaughlin, Hot Rats bénéficie du jeu incroyable de Jean-Luc Ponty, un des plus grands, sinon LE plus grand, violoniste jazz de notre ère, du multi-instrumentiste Ian Underwood et de Captain Beefheart à la voix. Bien que le génie de compositeur de Zappa est partout dans cet album, c’est décidément sa virtuosité à la guitare qui est le plus épatante. Développées autour d’improvisations monstres, les œuvres de Zappa sont dynamiques, éclectiques et totalement captivantes. Laissant de côté la satire et le ridicule qui faisait office de norme pour The Mothers of Invention, mis à part pour la particulièrement entraînante «Willie the Pimp» (probablement la pièce la plus «radio friendly» de l’album à mon avis), c’est un album de musique «sérieuse» et qui doit être écouté avec «sérieux»: Les changements de rythmes, l’instrumentation inhabituelle et les solos longs et sinueux des Ponty, Underwood et Zappa, méritent notre attention totale.

Toute critique ne pourrait être complète sans la mention du chef d’œuvre qu’est «Peaches in Regalia». Ode en plusieurs mouvements qui se rapproche plus d’une œuvre de musique contemporaine avec ses explorations modales et de musique concrète, sans jamais s’aventurer trop loin du moule rock de manière à ne pas aliéner la majorité du public. Par contre si vous voulez vous sentir aliéné par une chanson, je vous conseille grandement d’aller écouter «Little Umbrellas» une charmante ballade qu’on pourrait retrouver sur un album de Stan Getz ou Miles Davis. Sinon si vous avez l’intention de tester l’inventaire de la SQDC durant la quarantaine, «The Gumbo Variations» est pour vous!

 

Sur ce, je vous laisse à l’écoute de ce petit joyau en espérant pouvoir assister au concert en septembre prochain quand la vie normale reprendra son cours.

Dweezil Zappa – The complete Hot Rats album