Je ne vous le cacherai pas. Je suis ici pour CONVERGE. Ça faisait déjà beaucoup trop longtemps que je n’avais pas eu la chance de les revoir. Déjà six ou sept ans depuis leur concert à La Tulipe dans le cadre d’une tournée organisée par Exclaim Magazine. J’ai manqué toutes leurs performances suivantes dans la métropole. Mais où étais-je donc?

Cette fois, c’est le Décibel Magazine qui nous envoie la troupe de Boston, Massachusets. Converge c’est le groupe le plus démentiel de l’histoire, la violence à l’état pur transformée en pièce musicale se situant quelque part entre le hardcore, le death, et le punk. Une musique si agressive qu’elle amène l’auditoire en transe. Les mosh-pit d’antan ont un peu diminué en intensité. Les kids du temps de L’X de l’Inco et du Rainbow ont vieilli, ils ont maintenant leur bac en science po, en socio ou en philo, et quelques cheveux blancs. Mais Converge, eux, ne vieillise pas. Leur musique est tout autant cérébrale qu’auparavant. Le spectacle catharcis, expurge, toute l’agressivité d’un public mal-foutu ces temps-ci avec l’hiver qui n’en finie plus, les primes de départs, la corruption, et la manipulation politique. Le chanteur Jacob Bannon – aussi président du label Deathwish Inc.- est dans une rage telle qu’on ne peut se demander comment il peut survivre durant une tournée complète. Comme si, pour lui, le spectacle ne fait aucun sens tant qu’il n’y a pas de destruction du Moi. Chacune de ses phrases semble plus douloureuse les unes que les autres, mais la catharcis est bien réelle. Le public en sort aussi épuisé que les musiciens. Tout simplement à couper le souffle. Quarante minute de démence, de folie et de rage garrocher en pleine tronche. Définitivement, à mon humble avis, le meilleur groupe métal du monde autant lorsqu’ils font du hardcore-punk ultra-rapide, que lorsqu’ils sont Doom, larmoyant et ambiant. Converge est un groupe complet, aussi efficace sur scène qu’en studio, aussi excellent qu’il y a 20 ans, avec des textes intelligents, poétiques, politique, philosophiques et toujours bien ancrés dans l’individualité tordue de Bannon. Un groupe qui aura encore sa place, et qui sera d’actualité pour des siècles à venir. À voir et à revoir. À écouter et à réécouter. À lire et à relire. Et à admirer -les pochettes sont magnifiques- .

At The Gates, la tête d’affiche du concert, disparu depuis 18 ans revient en force avec un nouvel album et une nouvelle tournée de concerts. Sans être un grand fanatique de musique métal – outre Converge et quelques autres, At The Gates est un groupe qui a su marquer mon imaginaire durant ma courte phase métal au secondaire. Bien heureux de pouvoir assister à leur grand retour, le groupe a su plaire à un public conquis d’avance. Mais, très prévisible. Le groupe de Suède nous a offert exactement ce à quoi on s’attendait; un death-métal simple mais bien interprété, un spectacle banal mais non moins réussi. Rien d’extraordinaire pour moi. Leur nouvel album ne semble pas apporter quoi que ce soit de neuf dans le paysage métal. Pour les fans d’il y a vingt ans seulement.

Pallbearer en première partie. Excellent. Lourd. Puissant. Quelque part entre le Doom de Black Sabbath, le stoner de Kyuss, le métal de Mastodon, le post-métal de Isis et une voix qui rappelle Layne Staley (RIP) d’Alice in Chains. Performant ce soir-là sans bassiste, ce dernier n’ayant pu franchir la frontière, le groupe s’est extrêmement bien débrouillé malgré tout devant un public très réceptif et intéressé.

Texte: David Atman

Photo: Yoann Robin