La soirée débute avec Intronaut, groupe infiniment respecté, mais dont le succès à plus grande échelle tarde à venir. Le groupe se présente sur scène en formule trio alors que le bassiste qui s’était fracturé le pied ne pouvait y être. Même avec un membre de moins, Intronaut a su démontrer leur professionnalisme avec une performance plus que captivante. L’auditeur est maintenu sur la corde raide entre la curiosité et la surprise de savoir ce qui s’en vient. On a affaire à un groupe infiniment progressif 70’s, un peu comme si Yes jouait avec des amplis Orange. Le spectacle fut quasi parfait et met en scène des nuances extrêmement bien maîtrisées.
L’artiste solo Emma Ruth Rundle allait ensuite tenter de prendre l’espace de la scène malgré la petitesse de sa formation. Sa musique, toujours très lente se situe quelque part entre Chelsea Wolfe et P.J. Harvey. Malgré l’énorme paire de couilles que ça prend pour se présenter sur scène entre Intronaut et Cult of Luna, la courageuse performance n’a pas convaincu la majorité du public qui se faisait d’ailleurs plutôt bruyant durant le spectacle. Sa passion contagieuse nous a quand même gardés captifs, mais les pièces étaient difficiles à différencier l’une de l’autre. Toujours la même rythmique, toujours le même type d’accord, toujours sensiblement les mêmes mélodies, toujours des constructions fondées sur le même moule. Pas mauvais du tout, mais le manque d’originalité en a fait décrocher quelques-uns.
La performance de Cult of Luna fut apocalyptique. Le son est puissant sans être saturé. Le jeu de lumières est particulièrement réussi, parfois nous plongeant dans le bleu, le rouge ou le vert. Le leader Kristian Karlsonn mène son groupe en maître, en chef d’orchestre. Il contrôle les nuances d’un simple coup d’œil. Tous les yeux sont braqués sur lui dès qu’il se met à chanter. Sa voix est absolument sublime et parfaitement maîtrisée. Quelques longueurs viennent tout de même un peu assombrir la soirée, mais ces longueurs sont typiques du groupe même sur album, elles font partie de l’œuvre dans son entièreté, et il faut faire avec. Dans son ensemble, le concert fut particulièrement captivant et tous semblent y avoir trouvé leur compte.