J’admettrai d’emblée ne pas être le critique musical idéal pour le spectacle de ce soir. Pourtant, je suis loin d’être inculte dans l’univers vaste qu’est le Métal, mais j’avoue que l’apparition récente de nouveaux termes flous définissant des amalgames du style me rendent un peu perplexe au point où on ne sait plus trop à quoi ils réfèrent. À l’époque, on se limitait au Trash, au Black, au Death ou au Hardcore pour définir un groupe, maintenant les terminologies sont tout aussi diversifiées que les pots de peinture aux déclinaisons de bleu. La multiplication des épithètes prouve que le style est bien en vie et s’adapte à son époque. Il me semble que l’on pourrait utiliser le mot Deathcore pour résumer le spectacle de ce soir. Quelqu’un de plus expérimenté pourrait me dire que j’ai complètement tort. Dans tous les cas, il faut aussi se rendre à l’évidence que les mots, parfois, sont limités et ne peuvent tout exprimer. Mais, on passe du Bon Jovi à l’entracte, je me sens un peu moins dépaysé. Le spectacle à guichet fermé a été déplacé du Studio TD au bien plus grand Corona qui au final était lui aussi bien trop petit pour accueillir tous ceux qui, comme moi, voulait voir ce qui en retournait d’un des groupes extrêmes les plus en vogue du moment. Les billets furent difficiles à obtenir et nombreux sont ceux qui réclamaient une salle encore plus grande.

Ov Sulfur allait prendre d’assaut la scène devant une salle déjà comble avec un style qui m’a semblé un peu conventionnel mais non moins intense. Le son est clair et le public à l’écoute. Les fans de musique métal sont curieux et à l’affût.

AngelMaker allait suivre dans un style plus près du Grindcore avec ses guitares assonantes et les voix complémentaires de ses deux chanteurs. Le groupe est psychotique et parfois même un peu psychédélique.

Ingested est plus « groovy » malgré le fait que le groupe est composé de deux guitaristes et d’aucune basse. Le chanteur tient le public dans la paume de sa main et dirige la salle comble vers un « Wall of death » et des « circle pit » extrêmement violent avec les pièces de leur plus récent album lancé sur la compagnie de disques Metal Blade.

Les Belges de Aborted se présentent ensuite sur scène avec un « Ça va, Montréal » bien senti. On sent aussitôt le bonheur qu’on les musiciens d’être de retour en ville après plus de quatre ans d’absence. Les cris (Pig squeal) du chanteur Sven de Caluwé sont réellement convaincants et les rythmes de grosse caisse (Blast beat) sont d’une rapidité effarante. Les musiciens démontrent leur virtuosité et proposent une musique infiniment énergique, profondément recherchée et magiquement complexe.

Au final, le clou du spectacle c’est Lorna Shore avec son Deathcore parfois un peu symphonique, et qui intègre souvent des éléments de Black-Métal. Le charisme du groupe du New Jersey est bien réel. L’on sent aussitôt une quête spirituelle, une vague d’émotion, contrairement aux groupes qui les ont précédés. On sent l’importance, on sent l’urgence, et ce n’est certainement pas étranger à leur immense succès international. Pour cette dernière date de la tournée, présenté par Extensive Enterprise, Lorna Shore et leurs invités ont été d’une violence incomparable.