Une mise en contexte s’impose. Je fais mon mea culpa, mon intérêt pour Marillion s’était arrêté à Fugazi, ce qui fait que même l’album mythique Misplaced childhood n’a pas trouvé résonance en moi. Cependant un court film sur l’enregistrement du dernier album nommé F.E.A.R.(Fuck Everyone And Run) publié sur YouTube le 12 août dernier a su attirer mon attention. Cet album résonne bien et est très à propos dans le contexte actuel. Il est écrit par des gens matures qui ont beaucoup évolué musicalement. À l’écoute de cet album, je me rends compte à quel point ils se sont réinventés. Bien sûr la sonorité, où je dirais le cachet, est toujours la grâce en autres aux guitares planantes de Steve Rothery, mais la signature musicale a évolué considérablement.

Place au spectacle:

La première partie est assurée par un musicien du nom de John Wesley. Il est seul accompagné à l’occasion de trames sonores. Bien que sa performance soit assez solide, le fait de s’accompagner seul à la guitare ne rend pas justice à sa musique que j’ai découverte par la suite.

Marillion se présente au théâtre Corona, et la salle est remplie au maximum pour sa prestation. Dès les premières notes de l’introduction, il m’a été permis de sentir que j’étais entouré de fans. De «VRAIS ». C’est au début de The invisible man que je l’ai bien compris. Peu importe ou mon regard se dirigeait, je voyais la foule taper des mains sur le rythme de la chanson rejoint ensuite par le chanteur Steve Hogarth. Je n’avais pas senti un tel investissement de la part d’une foule depuis plusieurs années. Mais c’est à la fin de la performance de cette chanson totalisant environ 12 minutes que j’ai assisté à une très longue ovation de la totalité de la salle animée par la performance du groupe, mais encore plus de la performance scénique du chanteur. Ovation qui a ému véritablement le chanteur.

C’est à ce moment qu’on a la drôle d’impression d’avoir manqué quelque chose qui a passé sous notre nez durant quelques années. Que nous assistons à la rencontre, qui a parfois des allures mystiques, entre un groupe et ses fans dévoués. Certains d’entre eux rencontrés ce soir là, suivent le groupe pour toutes les dates canadiennes. Une très grande place a été donnée sur le spectacle au dernier album, qui au risque de me répéter vaux vraiment l’achat. La première pièce de l’album présenté lors du spectacle est Living in fear qui se veut l’antidote au sujet du reste de l’album, qui de l’aveu même de Steve Hogarth, n’est pas le plus optimiste. La reproduction est sans fautes et donne le ton pour le reste de l’expérience.

Les deux principales œuvres de cet album; The new kings et Eldorado performée lors du premier rappel, car il y’en a eu trois, totalisent chacune environ 16 minutes. Ceci laisse moins de temps pour d’autres chansons. Environ 8 autres chansons ont été performées durant le spectacle et les rappels. Ce fut un spectacle assez long, mais on sent que pour les vrais fans ce n’est jamais assez. Mais ce fut un très bon spectacle. Une seule pièce de l’époque lointaine avec un autre chanteur charismatique a été performée, et je ne sais pas si cela a été le cas sur les autres tournés, mais ce que je sais c’est que cette version de Marillion me rejoint personnellement beaucoup par son évolution et par le charisme de Monsieur Steve Hogarth. À voir et ressentir la réaction des personnes présentes lors du spectacle, je ne suis sûrement pas le seul.

Texte: Erik Simard

Photo: Manon Tremblay