Ce soir, MonkeyJunk est à l’affiche du petit Campus dans le cadre de la tournée de leur dernier album «Moon Turn Red».
Inutile de présenter ces piliers de la scène blues canadienne originaire d’Ottawa qui malgré leur existence relativement courte (formé en 2008) sont déjà les gagnants d’une dizaine de «Maple Blues Awards» depuis 2009 et d’un «Juno Award» en 2011 avec l’album de l’année «To Behold». MonkeyJunk illustre parfaitement la grande qualité de la «nouvelle» scène blues canadienne aux côtés d’un Steve Hill ou d’un Steve Strongman.

Il est un peu plus de huit heures quand Steve Marriner (vocals, guitare, harmonica), Tony Diteodoro (guitare lead) et Matt Sobb (drums) montent sur scène.
Souriants et décontractés, ils débutent leur set avec «Pueblo» chanson instrumentale basée sur un long solo à l’harmonica de Steve qui se pose d’entrée comme un très bon harmoniciste.
Les musiciens enchaînent rapidement avec «Small time evil» dont le riff blues/rock n’roll rapide en «hammer-on/pull-off» fait mouche, le ton de la soirée est donné.
Après «Show me yours» et «Hot hot papa», deux excellentes chansons dynamiques tirées de leur dernier album qui illustrent bien le blues/rock n‘roll généreux et «radio friendly» de MonkeyJunk, arrive la splendide ballade «Learn how to love» sur laquelle Steve nous fait valoir à la fois sa voix de ténor puissante et son son de guitare telecaster clair presque rockabilly avec l’utilisation de la «reverb» et du tremolo, superbe.

Steve, très bavard, profite d’une petite pause pour se réaccorder et interagir avec le public (et en français s’il vous plait!) puis introduit «Meet me at midnight», autre chanson mid-tempo qui nous permet d’apprécier les qualités de soliste de Tony, sans aucun doute un guitariste accompli et inspiré qui nous régalera tout le show de solos impeccables et pleins de vie.
«Lucky one», «Love attack» se succèdent puis la très rock n’roll/country «Mothers crying» avec son «bridge» de folie, rythmique de guitare enlevée et le solo à l’harmonica enflammé de Steve, ouf, il est temps de prendre une pause!

Après un petit quart d’heure d’entracte et une bière bien fraîche, MonkeyJunk revient sur scène en fanfare avec «Light it up» autre chanson tirée du dernier album, l’une des chansons les plus «catchy» du set selon moi. Tony nous fait admirer son jeu au bottleneck sur ce solo en passant, brillant!

«Right from wrong» nous montre encore une fois les talents de mélodiste du trio, avec son riff traînant au slide et ses solos d’harmonica et de bottleneck, impressionnant de maitrise technique.
Tout comme la très accrocheuse mélodie vocale de «You make a mess» avec son riff guitare qu’on n’imaginerait bien joué à la basse ce qui m’amène d’ailleurs à parler de l’étonnante complémentarité des jeux de guitare de Steve et de Tony, le lead guitariste ainsi que du jeu de «kick» de Matt qui leur permet de se passer de la présence d’un bassiste sans que cela nuise à la dynamique de leur musique. Steve jouant très souvent des rythmique guitares en alternant avec beaucoup de notes solos sur les cordes graves de sa guitare rappelant un peu une ligne basse traditionnelle ce qui du coup donne une certaine clarté à l’ensemble dans le bas du spectre sonore tout en gardant le côté rythmique et «groovy» qu’apporte généralement une basse, très bien pensé et écrit.
On est incontestablement en présence d’un band de très haute facture avec MonkeyJunk!

Tandis que les gens se sont mis à danser dans le petit campus, le band entame «Once had wings», probablement l’une des plus belles ballades écrites ces dernières années, le son de guitare est cristallin, la voix de Steve s’envole tel un gracieux flamant rose et le jeu de slide de Tony est désarmant de finesse et de beauté, un pur joyau musical!
«Traveling Night» et «Je nah say Kwah» chanson un peu fantaisiste avec son refrain en français illustrent bien le bon esprit qui règne dans la formation d’Ottawa.
«Live another day» qui la suit se démarque aussi comme l’une des plus belles réussites du dernier album avec son refrain «pop» très accrocheur.

Enfin, «You don’t know» clôture le show d’une très belle manière avec encore un riff guitare sautillant au milieu des danses de nombreuses personnes venues assister à une prestation vraiment convaincante de la part d’un band généreux, plein d’humour et bonne humeur, bravo!
Dans tous les cas, nul doute qu’après cette soirée riche en émotions où Steve, Tony et Matt auront joué plus d’une heure et demie, les musiciens de MonkeyJunk pourront nous dire: «I’m talking about the blues, I ain’t talkin’ bout no monkey junk» comme l’a un jour déclaré Son House, cette phrase dont le band a tiré son nom et dont ils se sont merveilleusement fait le devoir d’honorer ce soir!

Texte et photo: Ronan le Hec’h