«Pourquoi pas ?» ai-je répondu lorsque l’on m’offrit de rédiger un papier sur le nouvel opus d’Urban Aliens : «7 tounes d’épais». Jamais auparavant n’avais-je entendu leur matériel, et l’appellation «Porncore / Deshmetal» qu’ils appliquent à eux-mêmes, résume aisément le genre de chansons à apparaître sur leur dernier bijou.

Ayant consulté leur avant-dernier album Trui3 (2011), et ce, à titre comparatif, il est clair que «7 tounes d’épais» tend vers une musique plus extrême et d’inspiration très Death Metal. La première piste, «Burried under the chalet» emprunte brillamment des éléments caractéristiques au métal extrême. Un son de batterie pointu et saccadé, d’une féroce rapidité et explorant toutes sortes de blasbeat propres au genre. D’ailleurs, JoeBlo Larosoir, ayant joint le groupe depuis peu, exerce un travail remarquable à la batterie. Il y incarne sans difficulté le côté plus punk du groupe, et y ajoute une rythmique implacable et une consistance unique. Ajoutez à cela des break-down rythmiques agrémentés d’un chant guttural d’outre-tombe et vous avez la fameuse première chanson du disque. De plus, Urban Aliens sont les maîtres en matière d’hybridation stylistique. Sur un même album, une oeuvre comme «Machobiotique», très Hard Rock aux accents Nu Metal, côtoie «Vegan-Abattoir», chanson particulièrement punk aux grognements sans pitié. Et que dire de «White Knight», qui, fidèle à la tradition du groupe, comprend un interlude tiré d’un film pornographique quelconque, et se transforme en épopée d’une rythmique rigide et accrocheuse, où les interventions parlées de ce qui semble être la nouvelle bassiste Jizza Belle sont particulièrement écumantes et impitoyables.

«Le bat en feu» se veut raconté à la saveur d’un Mononc’ Serge qui désire assouvir ses instincts les plus voraces avec une danseuse nue portant de la lingerie double D. On dirait une chanson très rock chantée par un chansonnier un peu vieillot et grivois, démontrant encore une fois leur versatilité stylistique.

Paroles corrosives et subversives, bel agencement de toutes leurs influences musicales, il demeure pourtant coriace de considérer l’album comme du matériel sérieux. Le chant gras et volontairement peu délicat est difficilement appréciable, et étrangement, on affectionne plus les grognements gutturaux qui surviennent parfois, que le chant principal. L’apport de Larosoir à la batterie rend le tout plus agréable et  divertissant, ajoutant de la complexité aux compositions. La guitare basse se fait malheureusement trop discrète sauf à de rares occasions. Malgré tout, «7 tounes d’épais» est un bon disque métal. Assumé, vulgaire, indépendant et suivant ses propres lois, il s’impose de par sa capacité à contenir autant d’influences diverses. On se délecte aussi de ses paroles inélégantes et délirantes. On y devient rapidement accroché et leur attachante vulgarité les distingue de quiconque.

Texte: Alexandra Perazzelli

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