Vous connaissez peut-être cette phrase souvent utilisée par les musiciens: «’less is more»’. Ceci signifie que lorsqu’on laisse musicalement de la place, l’imagination fait le reste.

La philosophĥie de Yngwie Malmsteen est tout à fait le contraire. «’More is more»’ et c’est exactement ce à quoi nous avons eu droit le 16 mai au théâtre Corona.

C’est un Yngwie qui a l’air 10 ans plus jeune qui fait son apparition sur scène avec un déluge de notes. En effet le monsieur a perdu au moins 50 livres. À l’aube de ses 54 ans, il a l’air très en forme.

La première chanson donne le ton à cette soirée de formule 1 de la guitare. C’est en effet à un exercice de précision technique, d’endurance et de vitesse auquel nous aurons droit durant ces 2 heures de spectacles.

Yngwie maitrise son art, car il faut se rappeler que même si aujourd’hui la musique métal contient beaucoup de techniques de sweep picking et d’arpège, il n’en demeure pas moins que c’est Yngwie qui a introduit cela. Il est en effet devenu le porteur du style néoclassique avec la sortie de son premier album Rising force en 1984. Ce fut une bombe pour le milieu de la guitare et ceci demeure un classique.

Et c’est exactement ce que je me suis dit en assistant au spectacle. Yngwie est un classique, car le style lui appartient. C’est grâce à lui que les guitaristes ont connu le violoniste Paganini principal influence de Yngwie. Bien que nous puissions déceler l’influence musicale et personnelle de Ritchie Blackmore, Paganini influencera jusqu’à la moelle ce dernier.

En plus de nous livrer un exercice technique sans limites, Yngwie est un show man incroyable. «’Pauvres guitares»’ me suis-je dit tout le long du spectacle. Je ne sais pas combien il en a, mais on change de guitare après chaque chanson. Toujours une Fender strat blanche (un classique).

Je dis souvent que tout ce qui sert use, et croyez-moi ses guitares sont utilisées bien entendue par ses prouesses techniques, la rapidité du jeu, l’utilisation des composantes; trémolo, volume, etc., d’une façon très intense, mais elles sont aussi abusées par son jeu scénique.

Elles tournent autour de lui, lancées dans les airs, balancées en tourniquet et même frottées sur les amplis, les moniteurs, etc. Et c’est une recette gagnante.

L’arrière-scène est constituée d’un mur géant d’amplis Marshall (tiens un autre classique). Et le son de la guitare est très très fort d’une façon organique ce qui à mon avis est démesuré un peu, car j’ai des doutes à savoir si le pauvre soundman a même eu l’occasion d’ouvrir le volume de la console pour la guitare.

C’était tellement fort que la voix avait vraiment beaucoup de difficulté à se faire une place. Mais on se souvient de la philosophie: More is more.

Le bassiste chanteur avait une très belle voix, mais un chanteur m’a agréablement surpris dans cette soirée et c’est Monsieur Malmsteen lui-même. Je ne sais pas quand il s’est mis au chant, mais il une très belle voix. Décidément il est sans faiblesse…. ou une seule. Il ne communique pas assez avec la foule. C’est à mon avis un aspect important qu’il devrait développer selon moi, pour nous permettre de l’apprécier encore plus.

Donc cette soirée nous a permis d’assister et de célébrer un artiste qui a investi la majorité de sa vie dans son instrument. D’un artiste qui maitrise l’art de la scène. D’assister au spectacle de la personne qui a apporté ce style de musique en Amérique et seulement pour cela le spectacle en valait la peine.

UN CLASSIQUE

Texte: Erik Simard

Photos: Sébastien Tacheron