Sensation post-rock montréalaise, les quatre garçons plein d’avenir d’Appalaches se résument ainsi : « On est Appalaches. On joue fort ». Leur lancement d’album à l’Hémisphère Gauche a confirmé que ce n’est pas qu’un slogan.

C’est devant une salle pleine et sans première partie qu’Appalaches lançait son premier album le 23 mai 2014. Premier constat : peu de groupes émergents peuvent se permettre ce luxe. Mais à 10$ le spectacle et le disque, aucune raison de se priver!

Deuxième constat : un bien bel objet que ce disque, dont la pochette a été réalisée par l’imprimerie montréalaise réputée la meilleure. On ne se moque pas des fans ici, ma bonne dame.

Comme une provocation dans la continuité de leur postulat (« on joue fort », pour ceux qui ne suivent pas) la table de merchandising est même garnie de bouchons d’oreilles à l’effigie du groupe. Une initiative qui s’avère excellente dès les premières notes, qui ne tardent pas à venir. Car en plus de bien nous accueillir, les gars d’Appalaches sont ponctuels. Wow.

5988 trillions de tonnes

Leur son ce soir a dû se rendre jusqu’à Glasgow et titiller l’oreille de Mogwaï, même si Appalaches est plutôt du genre Gremlins. Non pas qu’ils n’aiment pas l’eau, c’est à voir, mais leur facture stylistique est nettement moins progressive que celle des groupes dans le sillon creusé par les Écossais.

Appalaches déroule de longs passages atmosphériques avant de sombrer dans l’avalanche de distorsion, sur une dynamique plus « on/off » que prog’. Que ceux qui haïssent les groupes du genre « fort/pas fort/fort/pas fort/ » se rassurent, ici on navigue sur un flow uniquement « fort/très fort ». On a même du mal à entendre la batterie sur les passages les plus intenses!

Les longues pièces respectent les codes du post-rock mais avec une facture plus direct. Nous sommes dans le versant hard du genre. On se rapproche presque du post-métal, sans tomber dans la noirceur caractéristique des post-amateurs-de-satan. Il y a donc un vide dans le milliard d’étiquettes disponibles sur le marché pour identifier précisément un groupe. Qui l’eût cru.

Ils jouent (trop) fort

Mais c’est là que le goût et la revendication de décibels du groupe touche franchement sa limite. Ça joue tellement fort que l’acoustique se doit d’être excellente. Dans une salle aussi naze

 –n’ayons pas peur des mots- que l’Hémi, on n’entend vite plus rien. La production de très bonne facture de l’album confirme que la subtilité des compositions mérite d’être audible!

Appalaches gagne sûrement à être vu en plein air, pour profiter de plus de dispersion sonore et donner de l’ampleur au son du groupe. Ils seront d’ailleurs au Gabstock, à Rawdon, début août. Bouchons musicaux chaudement recommandés, tout comme votre présence.

Texte : Marien Joly

Photos : Amarilys Way

Photos du concert