Il y a deux semaines, j’ai eu le bonheur de voir Rival Sons au Petit Campus à Montréal.   J’ai eu l’idée de contacter leur charismatique chanteur pour vous faire connaitre ce groupe que j’apprécie énormément, et qui, je crois sera une figure dominante dans le monde du rock pour des années à venir.

J’espère que vous apprécierez autant cette entrevue que j’ai eu du plaisir à la faire.  Voici donc l’entrevue que Jay Buchanan m’a accordée.

Les extraits audio sont disponibles sur la version anglaise de l’entrevue.

Daily-Rock Québec: Salut Jay. Merci beaucoup d’avoir accepté de faire cette entrevue.  C’est très apprécié.

JB :  Sans problème. Merci à toi de l’intérêt que tu nous portes

DRQ : Rival Sons vient de terminer une tournée au Canada.  Est-ce que la tournée s’est déroulée comme prévu?
JB : 
La tournée dans son ensemble fut très réussie. Vous savez, nous apprécions énormément le temps que nous passons au Canada.  C’est quelque chose de spécial.  C’est très différent des autres endroits que nous visitons. Juste être là-bas, c’était une belle opportunité d’aller plus à l’Est, et donc d’aller à des endroits que nous n’avions jamais visités auparavant.  J’ai rencontré des gens qui attendaient depuis longtemps notre venue.  Par exemple, à Montréal, la seule fois que nous étions là-bas, nous y étions pour ouvrir pour un autre groupe.  Donc nous n’avions jamais fait notre propre spectacle, et donc, nous avons eu du très bon temps, et ce fut un excellent spectacle.  Nous sommes allés également à Québec, pour ensuite revenir sur nos pas pour aller à des endroits tels que Sarnia en Ontario, et faire des salles que nous n’avions jamais visitées. C’est toujours un plaisir de jouer pour un nouveau public ou pour un public qui nous connait déjà.

DRQ :  Parlant de ça….Est-ce bien différent d’ouvrir pour un autre groupe…ou de faire ta propre tournée?  Quelles sont les différences?

JB :  OUI!  Il y a beaucoup de choses différentes entre ouvrir pour un autre groupe, et d’avoir son propre spectacle. Premièrement, si tu ouvres, tu vas devoir jouer un concert plus court. C’est une évidence. Et également, tu vas jouer devant un auditoire qui n’est pas le tien. Ce qui est une bonne chose, car tu dois gagner chaque spectateur un à la fois. C’est une belle sensation d’ouvrir pour des bands comme…je ne sais pas….AC-DC, ou bien KISS, des groupes de ce genre….
Quand tu ouvres un show pour de tels groupes, leurs fans ne veulent pas vous voir.  Ils veulent voir le groupe principal. C’est donc la parfaite occasion de te battre pour te créer un chemin dans leur cœur. Ça te donne quelque chose de plus pour te prouver à toi-même.
Être le groupe principal par contre n’est que seulement vraiment de bons moments.  Mais c’est également du bon temps différent.  Car tu sais, nous avons déjà une relation entre le public et nous.  Pas toujours, mais généralement.  Mais seulement de savoir que nous contrôlons nous-mêmes notre soirée, et que nous pouvons jouer un très long concert.

DRQ :   Je sais que tu as un enfant, une femme, une famille donc…..comment fais-tu pour rallier les deux.  Emmènes-tu ta famille en tournée avec toi?
JB : 
Heu non…pas vraiment. La route est si……la route est si occupée et les horaires tellement fous que c’est assez difficile pour nous, que d’emmener des enfants, car nous avons tous des enfants et des épouses, que d’emmener des enfants et des épouses sur la route est comme partager quelque chose de difficile.  Car tu veux que ta famille soit capable de relaxer à la maison, tu comprends?    Donc j’aime à penser que si nous travaillons si fort, que certains peuvent profiter de tout ce  travail simplement à la maison en relaxant.
Je crois que la vie sur la route pour une famille est trop rapide.

DRQ :  Personnellement, tu préfères la vie sur la route, ou la vie dans un studio d’enregistrement?
JB : 
Tu sais c’est drôle. Je me fais souvent poser cette question-là.  Comme si c’était l’un ou l’autre. Tu sais…. comme alors tu aimes enregistrer ou tu aimes faire la tournée? Tu sais…. ils ont chacun leurs bons côtés. Je crois que j’aime plus enregistrer. Mais c’est tellement différent.  Être en studio est d’enregistrer des pistes sonores, comme si quelque chose naissait.  Quelque chose qui va durer.  Il y a un aspect très romantique à cela.  Quelque chose de très enrichissant, et qui donne un résultat concret. Une fois l’album terminé, c’est là pour rester. Et c’est tout, la déclaration a été faite.

Mais pour un spectacle live, il y a beaucoup de créativité aussi, et tellement d’énergie…mais le summum de jouer un super bon spectacle, en sortant de scène on se dit…WOW, ce fut l’un de nos meilleurs spectacles…. et tout ça disparait dans un nuage de fumée, et tu oublies la journée suivante, car tu dois penser au spectacle suivant. Donc c’est vraiment une chose spontanée qui apparait chaque soir en tournée…. et en studio, c’est très différent. C’est un processus totalement différent.

DRQ :  Rival Sons a trois  albums studio.  Est-ce que l’enregistrement est différent d’un album à un autre?  (4 avec le EP sorti en 2011)
Le prochain disque de Rival Sons sera enregistré en janvier à Nashville, comme le précédent CD Head Down.

JB : L’approche que nous prenons…… en passant nous avons quatre albums studio…… l’approche que nous prenons est relativement pareille pour chaque disque.  Donc l’approche serait de réserver du temps en studio, d’y entrer pour 3 ou 4 semaines, et de composer et d’enregistrer. Donc de construire au fur et à mesure. C’est comme ça que nous avons toujours travaillé, et nous allons le refaire encore pour le prochain album en janvier prochain.
Je ne veux pas dire que nous allons toujours travailler comme ça, mais pour l’instant, ça nous parait bien de le faire comme ça maintenant.

DRQ :  Quel a été le point tournant dans ta vie, où tu t’es dit que tu voulais vivre de ta musique?
JB : 
Pour moi, grandir comme adolescent, j’ai toujours su que j’allais vivre de ma musique.  Toujours.  Que c’était vraiment ma passion dans la vie, et que ça allait être mon focus.  Car je suis devenu un compositeur compulsif, et un auteur.  J’ai été auteur vers l’âge de 12 ou 13 ans.  Je jouais de la guitare bien avant, mais j’ai commencé à être sérieux, et à vraiment composer quand j’ai commencé à écrire.  C’est devenu une véritable obsession pour moi.  Donc j’ai tout de suite su que peu importe, j’allais faire ça pour le restant de mes jours.
Mais même après plusieurs années de compositions, et de jouer de la musique, c’est évident que je me suis demandé que pourrais-je faire d’autre dans ma vie.  Qu’y a-t-il à part la musique? Quel travail je pourrais faire?  Mais ça revenait constamment à la musique. Car c’est ce qui est naturel pour moi.  Nous essayons toujours de trouver où se trouve notre place dans ce monde….et je n’ai jamais arrêté de composer de la musique, et le plus longtemps que j’ai arrêté de jouer est  1 an…. mais c’était inévitable, je devais revenir à la tournée  et à la musique.

DRQ :  Quelles sont tes influences musicales, tes héros musicaux?
JB : 
Oh! Il y en a tellement. Quand je pense à mes années d’adolescence, comme tout le monde, j’aimais des bands comme U2, Prince, j’aimais Joni Mitchell, j’aimais Leonard Cohen, j’étais plus du genre auteur-compositeur.  Ensuite j’ai découvert Led Zeppelin, je crois vers l’âge de 13 ans, j’avais leur premier disque que je trouvais très bon, donc j’ai écouté ça pendant quelque temps, ensuite j’ai écouté un peu de Rolling Stones pour ensuite laisser tomber le Rock N’Roll.  Parce qu’il y avait tellement de Blues  autour de chez moi, de Robert Johnson à Blind Willie Johnson en passant  par les enregistrements de Alan Lomax et Leadbelly.  Du très très « old school blues ».  Donc le Rock N’Roll ne m’excitait plus autant.  Pour moi, le Rock était un peu un vol du blues.  J’ai donc laissé tomber pour quelque temps le Rock.  C’est vraiment le premier groupe Rock N’Roll dans lequel je joue.  Car mes influences sont de partout dans la sphère musicale, sauf du Rock N’Roll.  Mais je crois que c’est en partie pourquoi ça fonctionne pour nous. Car Scott, notre guitariste adore le Rock N’Roll.  IL ADORE. Même chose pour Mike.  Ils adorent tous les deux le Rock N’Roll.  Mais pour ma part, c’est vraiment quelque chose de nouveau pour moi.

DRQ : Quel groupe de ce temps-là?
JB : 
Toujours du Jazz, toujours du blues dans ma collection.  Toujours du folk.  Si tu me demandes quel artiste contemporain, il y a un violoniste que j’aime beaucoup, qui s’appelle Andrew Bird, c’est un compositeur violoniste, et il est de Chicago.  Je l’aime beaucoup. J’aime également Fleet Foxes, je pense que c’est un groupe fantastique et ils sont de Seattle. Et évidemment, j’aime Tom Waits, Van Morrison, The Kinks, Wilco qui est un groupe américain fantastique, également Antony and the Johnsons.

DRQ :  Si tu avais à choisir un groupe des années 70 pour jouer avec toi…qui choisirais-tu?

JB :  Dans les années 70, j’aimerais beaucoup jouer avec Fleetwood Mac, mais le Fleetwood de Peter Green.  Avant Lindsey Buckingham et Stevie Nicks.  Du vieux Fleetwood Mac, comme Albatross. Et j’aimerais bien jouer également avec……..GOSH……..HA OUI!  ZZ TOP!  ZZ Top a toujours fait de l’excellent travail tout au long de leur carrière.  Musique qui est encore légitime et pertinente.

DRQ :  Il n’est pas trop tard pour jouer avec eux…..
JB : 
Non, non, j’ai eu la chance de rencontrer Billie Gibbons justement l’année dernière.  Il était tellement gentil,  et j’ai pu lui parler quelque temps de musique, et toutes sortes de choses…. comme comment, gardez la tête hors de l’eau, etc….
C’est vraiment un très bon gars et une légende pour moi. Ce fut très agréable de le rencontrer.

DRQ : Si tu avais à décrire Rival Sons à quelqu’un qui ne vous connaissait pas du tout.  Comment le ferais-tu?

JB : Rival Sons est un groupe de Rock N’Roll. Et ce qui nous sépare des autres groupes qui prétendent être du même genre est le fait que nous faisons du « Roots » Rock N’Roll.  Nous ne jouons que des chansons originales,  et si vous venez voir nos spectacles, vous verrez que nous donnons tout ce que nous avons dans le corps.  Nous donnons toute notre énergie jusqu’à la dernière goutte.
Étant donné que nous ne jouons que des chansons originales, je crois que nous essayons de faire le pont entre le neuf et le vieux. Nous jouons du Rock N’Roll, c’est notre « genre » de musique, mais nous essayons également d’intégrer ce genre de Rock avec un peu de musique plus contemporaine. Ce qui pourrait s’appeler en quelque sorte une musique  hybride sans rien ternir. C’est vraiment le focus pour nous.  Nous essayons vraiment, et c’est notre but, de faire en sorte que le Rock et le Blues maintiennent leur intégrité.  Nous ne sommes pas des vieillards, tu sais….les gens nous disent que l’on fait du « Classic rock ». Nous ne faisons pas du « Classic rock ». Les classiques sont les classiques.  Nous faisons de la musique actuellement.  Nous ne faisons que transporter la torche du Rock N’Roll. Nous voulons être les transporteurs de la torche.  Comme les Black Crowes l’on fait avant nous.
DRQ :  Les Black Crowes sont incroyables

JB :  Ils sont fantastiques. Tu sais, il n’y a pas beaucoup de bands qui jouent seulement du Rock N’Roll. Mais certains arrivent de temps en temps à reprendre le flambeau.

DRQ :  C’est tout pour nous Jay, merci du temps que tu nous a accordé, en espérant te voir bientôt  à Montréal et au Canada.

JB :  Je crois que nous pourrons définitivement faire cela au printemps prochain.

DRQ :  Donc merci beaucoup encore, et à la prochaine!

JB :  Merci de l’intérêt, et à bientôt!

Entrevue et traduction : Laurent Lépine