J’ai beaucoup de misère à m’imaginer quiconque pouvant être mieux qualifié que Gogol Bordello pour célébrer l’anniversaire d’une année, qui pourraient être plus festifs et énergiques que ce groupe pluriculturellement et anarchiquement rassembleur. Et visiblement, quelqu’un dans l’équipe d’Evenko a eu cet exact raisonnement.

Précédés de Low Cut Connie qui donnèrent une très bonne performance pleine d’énergie malgré le public peu enthousiaste, avec leur look rétro, leur style rétro, leurs instruments rétro et leur chanteur rétro (qui se trouve dans un mi-chemin esthétique ambigu entre Freddy Mercury et Elvis Presley…), Gogol on fait trembler l’Olympia comme rarement en cette soirée de fin d’année. Pendant que près du tiers du Québec tentait de survivre à 2016 en s’esclaffant tristement devant le Bye Bye, environ 0.0002215 % de la province oubliait en quelle année ils étaient pour chanter en cœur avec la panoplie de membres de la formation.

La principale force de ce groupe est aussi leur marque de commerce: la diversité. Tous les rôles sont soigneusement établis, malgré leur message anarchiste, pour mettre en valeur les qualités de chaque membre. Leur chanteur, qui constitue une grosse partie de leur esthétique ainsi que de leur énergie, était aussi bon qu’à son habitude, autant comme homme de scène que comme musicien. Le batteur et le bassiste sont plus en retrait, pour leur permettre d’entretenir l’éternel duo rythmique qui était, comme de fait, était ultra solide. Le guitariste, le violoniste et l’accordéoniste sont tous trois d’heureux mélanges d’animateurs de foule et d’excellents musiciens, comme ils ont pu largement le démontrer pendant le spectacle d’une couple d’heures. Les autres, multi-instrumentistes et chanteur/chanteuses, se passent la torche pour être la prochaine boule d’énergie qui rendra la foule en délire. En bref, ce groupe constitue un gros écosystème symbiotique de festivités.

Sinon, leur setlist était très bien organisé, pour garder le mosh pit en santé (même si la majorité des participants était de passablement à très intoxiqués), avec plusieurs petits interludes pour des solos, des histoires drôles ou la célébration des dix dernières secondes de la dernière année. Le son était étonnamment pas si mal pour l’Olympia, et l’éclairage était à l’image de la performance du groupe. Tout de leur performance était manifestement travaillé, retravaillé et perfectionné pour au final rappeler ce qu’ils sont réellement: une troupe de gipsy qui veulent seulement avoir du gros fun. En résumé, mission accomplie.

Texte: Hugo Tremblay