Le Québec est choyé depuis un mois avec la présence sur son territoire de trois des meilleurs groupes métal français; Mass Hysteria, Kronos et maintenant Gojira. Le quatuor post-métal venait présenter aux Montréalais les pièces de leur nouvel album Magma pour un Métropolis déjà conquis.

Je m’éterniserai peu sur la première partie TesseracT qui a donné une performance très respectable. Leur prog-rock ambiant rappelle parfois Opeth et parfois Mastodon. Par contre certaines envolées se rapprochent un peu trop souvent d’un son pop-orchestral prêt de Muse. Un peu trop propre pour moi.

Dès leur arrivée sur scène, Gojira fut plongé un instant dans une mer de lave bouillante avant d’entamer les premières notes d’un concert parfait. Techniquement impeccable, le Métropolis avait hier le meilleur son que j’ai eu la chance d’entendre dans cette salle. Les techniciens ont fait un miracle, le groupe aussi, mais on ne s’attendait à rien de moins de la part des deux frères Duplantier. L’aspect visuel du spectacle était tout à fait sublime. Et contrairement aux deux frères Cavalera, les Duplantier sont en pleine maîtrise de leur art. Le groupe se caractérise par un métal très percussif, et le jeu du batteur Mario Duplantier en est pour beaucoup dans le succès de Gojira. Son solo de batterie est venu diviser le spectacle en deux. Durant plusieurs minutes, le batteur a illustré toute l’ampleur de son talent et sa grande maîtrise de son instrument. Et même si Montréal figurait comme la vingtième ville de leur tournée nord-américaine, le groupe n’a démontré aucun signe de fatigue. Un concert qui a débuté tôt et a terminé tôt. Ce qui m’amène à mon dernier point.

J’en profiterai ici pour défendre notre bien petite scène locale qui regorge de multiples talents post-métal. Le travail derrière les étiquettes comme l’Œil du Tigre et GBS Records entre autres est immense. Et leur réussite l’est encore davantage. Évidemment, Gojira n’a pas besoin d’un groupe local qui joue normalement à l’Esco pour remplir le Métropolis, mais la production devrait à mon humble sens se sentir redevable du travail fait sur le terrain par les bénévoles de la scène locale. Et en réalité il en coûte quoi de donner un vingt minutes à Milanku, Nous Étions ou Expectorated Sequence? Il est clair que l’on pourrait aussi utiliser cet argument pour tous les styles de musique et en toutes circonstances, mais les événements d’envergure post-métal se font plutôt rares et se limitent à la venue d’un ou deux groupes internationaux par année. Et hier s’était une de ces fois. Et elle fut ratée. Disons seulement que j’aurais espéré percevoir une plus grande fraternité dans la scène post-métal qui est relativement petite et consanguine. Hier, il y avait la possibilité de changer l’avenir d’un groupe local montréalais en lui permettant de jouer devant 3000 personnes et ainsi pouvoir ajouter à leur dossier de presse «première partie de Gojira». Ces quatre mots dans un PDF d’une compagnie de disque underground peuvent changer plusieurs vies, et encore une fois, il en aurait coûté quoi?

Texte: David Atman