« It is fuckin good to be here with you Montreal »
Nous sommes le samedi 11 août et il flotte dans l’air comme un parfum de musique douce. Pour la 3ème année consécutive, le Parc Jean-Drapeau accueille encore cette année le Heavy MTL avec une programmation du tonnerre.
Avant de se perdre dans trop de détails, on va juste vous balancer quelques noms, histoire de vous faire regretter de ne pas être venu : System Of A Down, Slipknot, In Flames, Marylin Manson, Deftones, Sword…et je vais m’arrêter là avant de vous perdre un à un.
Samedi 11 août : le soleil pointe le bout de son nez, le parc Jean-Drapeau est déjà bien rempli. L’atmosphère baigne dans un nuage de fumée blanchâtre, la bière coule à flots et les premiers riffs de guitare se font entendre sur la Scène de l’Apocalypse avec le groupe Bookakee. Courte prestation mais le groupe chauffe le public, et vu la météo, ce n’était pas du luxe.
Trois scènes, des groupes, des groupies et toujours le même leitmotiv : « It is fuckin good to be here with you Montreal ». D’une scène à une autre, l’ambiance reste la même et ce, malgré le mauvais temps qui semble s’installer au-dessus de nos têtes.
La journée se passe au fil des groupes déchaînés – Job For A Cowboy, Veil Of Maya, Periphery, Rose Funeral, Fleshgod Apocalypse, Goatwhore – et les groupes présents sur les deux plus grandes scènes déchaînent littéralement les foules.
La température, quant à elle, a descendu en flèche, de gros nuages noirs sont venus s’installer mais rien n’arrête le métal, pas même une tempête de pluie (c’est vous dire).
Les Montréalais (et les touristes, car ils sont nombreux) se déguisent avec de jolis ponchos en plastique et continuent de surfer sur les good vibes du métal. L’après-midi aura apporté son lot de gros son, comme Killswitch Engage ou encore Cannibal Corpse.
Mais, soyons honnêtes, probablement le 95% des personnes venues au festival trépignent d’impatience de voir Deftones et – roulement de tambours – System Of A Down !
En attendant, et probablement pour décharger leur trop plein d’énergie et d’excitation, la foule est en transe, littéralement.
Le « bodysurf », le « circle pit » et les signes du « devil » ont marqué ce festival haut en couleurs. Je ne me suis pas amusée à compter les gens qui se sentaient pousser des ailes et qui flottaient littéralement au-dessus de la foule. Il n’en reste pas moins que c’était très agréable, voire excitant, à regarder. Tant de monde réuni pour une même cause musicale.
Malheureusement pour Deftones, j’aurais tendance à dire qu’ils ont calmé la foule plutôt que de l’exciter, mais ils ont fait de leur mieux pour défendre leur cause, et c’est tout à leur honneur.
Entre anciens et nouveaux titres (avec un album qui sortira probablement en octobre), le groupe aura quand même réussi à ravir ses fans avec des titres comme Digital Bath, My Own Summer ou encore Root. Chino Moreno a aussi tenu à dédier Bloody Cape à Chi Cheng, l’ancien bassiste du groupe, dans le coma depuis plus d’un an à la suite d’un accident de voiture en 2008.
C’était ensuite au tour de Five Finger Death Punch de prendre la relève, plus musclée celle-ci, très hard rock même. En tout cas, on s’en souviendra : autant la prestation que les membres du groupe. On peut dire qu’ils savent comment mettre l’ambiance.
Trève de blabla. Je sais que vous êtes tous impatients de savoir ce qui s’est passé ensuite… Ensuite, eh bien, on a tous été trempés de la tête aux pieds. Et ensuite…un grand rideau blanc est apparu sur scène, de grandes lettres noires inscrites dessus….ces lettres : SYSTEM OF A DOWN.
Et là ce ne sont pas des cris ni même des hurlements mais bien de l’hystérie qui s’est emparée de la foule.
SOAD était attendu comme le Pape est attendu par ses fidèles. Les silhouettes des membres du groupe se dessinaient derrière le rideau blanc et c’est avec Prison Song que le show a commencé.
Les cris se sont fait de plus en plus intenses (les miens aussi d’ailleurs), et System a su ravir son public, même si ce sont seulement des chansons de leurs anciens albums qui ont été jouées ; le public était là pour ça et a su l’apprécier.
On a pu entendre des morceaux comme Chop Suey!, Aerials, Toxicity ou encore Hypnotize, plus récent.
Je vous résume mon samedi ? Pluvieux, boueux mais excitant et déjanté au possible.
Demain il faut être en forme, car la programmation pèse lourd, très, très lourd…!
« Give metal a chance »
Dimanche 12 août : dimanche, jour du Seigneur. Le seigneur des ténèbres qui n’est autre que Marilyn Manson, lui-même. Et puis Slipknot aussi. Oups, je n’en dis pas plus.
Commençons par le commencement, vous voulez pas ?
Petit bulletin météo pour commencer : bon la chaleur est au rendez-vous, le soleil est là mais…ce n’est malheureusement pas parti pour durer. En tout cas, dimanche oblige, j’arrive en retard au festival et je loupe quelques groupes mais je n’ai aucun doute sur le fait qu’ils aient chauffé le public à bloc !
L’odeur d’herbe se mêle toujours aussi bien à celle de la bière et cela n’est pas pour déplaire au public et encore moins aux groupes. Le groupe Overkill avait en tout cas l’air très en forme. Le chanteur, avec une voix à la Mick Jagger, avait pour sa part décidé de discuter avec son public : « You guys look good but you smell bad, it is fuckin good to spend an afternoon with you guys, you know what I mean? ».
Y a pas à dire, entre le public et les groupes, c’est l’amour fou !
Dur dur de voir chaque concert tellement le rythme est intense et la foule compacte mais, après quelques aperçus sur la scène de l’Apocalypse, je m’en vais voir ce faneux groupe français de métal nommé Gojira. Niveau scénique et musical, pas grand chose à redire, si ce n’est que le tout était bien ficelé, bien envoyé et fort bien reçu par les fans !
Les groupes ont continué d’enchaîner des morceaux déchaînes, les groupes se suivent mais ne se ressemblent pas (sauf peut-être au niveau capillaire) et la chaleur est toujours rendez-vous.
Si bien que cette chaleur donne des ailes et un sacré grain de folie (et encore, je reste sobre) au chanteur de The Dillinger Escape Plan qui s’amusera à grimper sur les infrastructures de la scène, sous les acclamations du public. Il en profitera aussi pour aller piquer une bière à un fan tandis que le guitariste s’amusera à aller surfer sur le public. Les fans auront certainement apprécié.
Ce sera sans parler de Suicidal Tendencies qui fait monter une vingtaine de fans sur scène pour que ceux-ci agitent leur corps en transe. De la vraie folie on vous dit. Mais ce n’est pas fini.
Pour ceux qui attendaient Lamb of God avec impatience, ne pleurez pas, ils reviendront un jour. Ils ont été remplacés par le très bon groupe In Flames.
Pour ceux qui sont restés collés à la – petite – scène de l’Apocalypse, ils ont eu le plaisir de voir Cancer Bats, le groupe québécois Sword ou encore Voivod. Des bons crus en somme.
Allez, j’arrête de vous torturer.
Retour sur une des deux grandes scènes et lorsque j’arrive, je sens la tension monter. Je sens que Manson n’est pas loin, j’entends résonner dans ma tête tous ses plus grands tubes. C’est certain, les milliers de personnes qui sont là – dont moi – sont extrêmement excitées à l’idée de voir M. Manson.
Pas de rideau blanc comme pour SOAD mais bel et bien noir, à l’image du chanteur.
Par contre, Manson n’a aucune pitié. Il aime nous torturer, cela ne fait aucun doute. Pendant de longues minutes, une espèce de berceuse aux notes diaboliques résonne dans nos oreilles, le rideau se lève au gré du vent mais personne n’apparaît…jusqu’au moment où le drap tombe, Manson brandit son pied de micro et commence sa messe avec l’excellent titre Disposable Teens.
Connaissant Manson, je sens que son spectacle va être visuel et très théâtral, à l’image de son personne et de ses vidéoclips.
Il n’y a qu’à voir la collection impressionnante de micros qu’il nous aura sortie : tantôt un micro en forme de poing américain, en forme de couteau de boucher ou encore en lampe torche, avec laquelle il éclairait son maquillage, coloré et barbouillé. Tous les fans de Manson qui se respectent seront plutôt satisfaits de la playlist : entre anciens morceaux et nouveaux et des reprises, il y avait de quoi régaler ses oreilles : Mobscene, Rock Is Dead, Personal Jesus, Beautiful People, Sweet Dreams ou encore Antichrist Superstar qu’il a interprété juché sur un podium, qui était non sans rappeler les discours du IIIème Reich.
Pas en forme a 3000% comme il peut l’être parfois, Manson nous a tout de même conquis et mis en forme pour le gros show de la soirée, probablement le concert le plus attendu de ce week-end : Slipknot.
Slipknot….rien que ce nom me fait peur. Pas le groupe en lui-même (bien que leurs masques ne soient pas très angéliques) mais plutôt peur du nombre de fans qui va se presser contre les barrières pour pouvoir admirer leur groupe fétiche.
Je me suis dit que pour le début, je serais bien mieux assise dans la section VIP, tranquille devant un grand écran. Effectivement, j’ai eu à loisir de pouvoir admirer en toute tranquilité leurs costumes époustouflants, leur prestation complètement dingue, les effets spéciaux, la neige qui est tombée, les flammes qui sortaient de l’arrière-scène, Sid Wilson se laisser porter par la foule, Shawn Crahan frapper ses tambours avec une batte de baseball…quand je me suis dit que je loupais tout…j’ai alors couru jusqu’à la grande scène, je me suis faufilée parmi les gens, j’ai réussi à me rapprocher un peu de la scène et là j’ai compris ce qu’était un show de Slipknot : c’est juste une dose de musique, d’énergie et d’excitation que tu te prends en pleine face pendant 2h. Pas étonnant qu’on soit sur les rotules après tout ça.
The Blinder Exists, Vermillion, Pulse of the Maggots, Spit It Out, Wait and Bleed, Duality (en hommage à l’ancien bassiste Paul Dedrick Gray, décédé il y a maintenant 2 ans) sont autant de titre qui ont été joués par le groupe, toujours habillés de leurs vêtements orange et de leurs masques qui ont fait d’eux un groupe de renommée mondiale.
Leur show extraordinaire s’est terminée avec le morceau The Heretic Anthem et c’est sur ce morceau que le batteur Joey Jordison a continué de frapper sur sa batterie, face au sol tandis que la plateforme sur laquelle il était continuait de s’élever dans les airs. Un vrai régal pour les fans, qui se sont vus offrir un spectacle de qualité.
Avouons-le, ce week-end métal n’était absolument pas de tout repos mais il faut savoir ce que l’on veut.
Le show était au rendez-vous et chacun a su en profiter pleinement et attend – probablement – avec une impatience certaine, l’annonce des groupes à venir pour l’édition 2013.
« Give metal a chance », disait James Durbin.
Alors à l’année prochaine !
Texte: Marine Lardennois