Je me rappelle encore de la folie qu’avait créée la venue de Kongos en février 2015 dans cette même salle. Le groupe était au sommet de sa popularité avec son album Lunatic qui cartonnait dans les palmarès et surfait sur la vague du succès de leur single «Come With Me Now» qui jouait littéralement partout. Le Métropolis est ouvert au complet et l’on ne peut pas dire qu’il n’y a pas beaucoup de monde, mais comme la grande majorité d’entre eux se sont empressés de prendre les places assises au fond de la salle et au deuxième étage, le parterre parait assez dégarni.

Quoi qu’il en soit, il reste à voir comment le groupe réussira à énergiser cette foule.

Après une attente qui me semble longue, c’est à 21 h 15 tapant qu’ils nous accueils d’une ambiance feutrée avec une superbe version de «Repeat After Me». Accompagnée d’un éclairage très sobre, cette chanson est le moment où la voix de Johnny, l’accordéoniste et claviériste, est à l’honneur. Comme ils nous ont habitués, les quatre frères sont tous alignés sur une même ligne à l’avant de la scène. Dans leur groupe il n’y a pas de «frontman», les quatre chantent, les quatre ont la même visibilité, même le batteur. C’est ce dernier qui est le plus déstabilisant de voir sur le bord du stage entre ses frères guitariste et bassiste, mais comme il est l’un des chanteurs principaux, ça prend tout son sens tout en étant un détail original. Autre belle réussite, le triptyque d’écrans qui sert de fond au décor. Les effets sur ces trois écrans sont très réussis, que ce soit des images, des formes ou juste des effets 3D. Toute la soirée, il est impressionnant de voir à quel point on n’a pas besoin d’avoir beaucoup de projecteurs de lumières pour avoir un éclairage intéressant et pertinent. C’est surement un des plus beaux éclairages que j’ai vus ici depuis longtemps.

Côté musique, la qualité est au rendez-vous. L’interprétation de chaque morceau est impeccable, autant vocalement que musicalement. À maintes reprises leur talent sera mis de l’avant par des jams qui allongent agréablement leurs morceaux et qui rendent d’autant plus pertinent de venir les voir jouer en live. Si le public semble apprécier l’intégralité de leur prestation, il faut quand même attendre les tounes de leur premier disque pour que l’ambiance soit vraiment électrisante. Dans la première partie du spectacle il n’y a que «Hey I Don’t Know» et une dynamique reprise de «Get Back», où leur stage manager transforme en version rap certain couplet, pour qu’il y ait une explosion de cris et d’applaudissement. Heureusement, ils avaient gardé pour la deuxième moitié du spectacle plusieurs gros canons qui ne manqueront pas de créer l’évènement. Comment rester de marbres devant «it’s a Good Life», «I Want To Know» et «I’m Only Joking» avec ses désormais traditionnels canons à fumée qui crache au rythme de la batterie. Une finale en force qui aura l’avantage de sortir de leur torpeur le trop-plein de spectateurs assis qui n’avait pas vraiment confirmé pleinement leur présence jusqu’ici. Ce soir, Kongos nous a prouvé sans aucun doute qu’ils ont gagné en maturité scénique et qu’ils ont tout ce qu’il faut pour ne pas être qu’un feu de paille dans l’univers de la musique indie rock. Je trouve juste dommage, à mon humble avis, qu’ils n’aient pas reçu l’accueil qu’ils méritent de la part d’un public qui m’a semblé trop souvent amorphe.

Texte: Sébastien Léonard

Photos: Helene Dickey