Mogwai ont atterris mardi soir au Théâtre St-Denis pour interpréter leur dernier album, Atomic, une trame sonore créée expressément pour un film éponyme traitant de l’histoire et du devenir du nucléaire ainsi que des effets négatifs ayant déjà grandement affectés l’Homme au cours des quelques dernières décennies.

La formation de post-rock a fait preuve d’une organisation, d’une intégrité, d’un respect des spectateurs et d’un savoir-faire maintenant en déchéance dans l’industrie. Ils étaient comme l’orchestre accompagnant un opéra: dans le noir, loin du centre d’attention des auditeurs (qui regardent attentivement le film, émus et frustrés contre les grandes puissances de monde), mais parfaitement synchronisés avec la vidéo et organisés comme un orchestre professionnel. Le son était en général très bon et pas trop fort (j’aurais été assez déçu du contraire, vu la belle salle qu’ils avaient réservée pour l’événement), et les quelques segments qui n’étaient pas calqués sur l’album étaient aussi bien exécutés et judicieusement positionnés.

Les deux principales lacunes du spectacle furent selon moi le montage du film et la composition de l’album. Premièrement la projection était bien réalisée, constituée d’extraits de plusieurs capsules documentaires ou gouvernementales concernant le nucléaire sous plusieurs de ses formes, mais le problème pour moi était dans la qualité de l’image: il y avait régulièrement des transitions allant et revenant entre un vieil extrait filmé sur bande en format carré et un extrait plus récent de qualité grandement supérieure en format 16:9, ce qui créait des incohérences visuelles.

Dernièrement, la composition et la sonorité de certains synthétiseurs m’ont un peu déplu. L’esthétique de Mogwai était auparavant plus futuriste qu’autre chose, et sur cet album ni la composition ni les choix plastiques ne sont à la hauteur de cette esthétique. Je pense par exemple au synthé sur Ether et Weak Force, qui sonnent comme certains des premiers synthétiseurs, essayant d’imiter des sonorités de cordes par exemple. Je trouvais par moment autant dans l’album qu’en live qu’il y avait un manque de recherche sonore à ce niveau. La composition des pièces aussi m’a quelque peu déçue par rapport aux anciens opus de Mogwai: je croyais que le peu de développement sur l’album était justifiable par la vidéo que je n’avais pas vue, mais la musique est tellement au premier plan que même avec le support visuel certaines longueurs se font sentir. Il y aurait eu placé à plus de développement pour entretenir l’inertie de notre attention.

Malgré ces deux aspects qui auraient été à améliorer, la performance en direct était tout ce qu’il y a de plus professionnelle et réussie. Le mélomane en moi était très heureux de ne pas voir un concert comme celui-là se retrouver dans les abattoirs sonores que sont le Métropolis ou le Corona. L’idéal serait maintenant d’avoir un auditoire capable de contenir leur envie substantielle de se lever pour déranger le plus possible pendant une petite heure et demie…

Texte: Hugo Tremblay