Connu pour ses mises en scène pointues et travaillées, Muse n’a pas dérogé à la règle mercredi soir lors de son passage au Centre Bell pour la présentation de leur septième opus, Drones, sorti en juin 2015; c’est dans le cadre de leur tournée mondiale Drones World Tour que le groupe britannique a pu nous en mettre plein la vue.
Littéralement.

Pour ceux qui n’ont jamais assisté à un concert de Muse, la surprise a dû être de taille. Bellamy, Howard et Wolstenholme sont plutôt du genre à sortir l’artillerie lourde.

Plongée dans l’obscurité, dans une atmosphère autant électrisante que dérangeante, la salle est soudainement envahie par des drones qui descendent lentement vers la scène. Avec la sensation d’être épié, le public — intrigué — trépigne d’impatience alors que Muse joue lentement avec nos nerfs et intègre parfaitement dans son décor des thèmes sensibles comme la politique, la guerre ou encore la surveillance des gouvernements. Un sentiment de malaise mélangé à une excitation presque palpable, le tout sciemment orchestré, s’empare de chacun d’entre nous.
Le titre Drones est lancé, aussitôt suivi de Psycho puis de Dead Inside.

Après un «Bonsoir Montréal» quelque peu hésitant, Bellamy entame les excellents Hysteria et Bliss, extraits respectivement des albums Absolution (2003) et Origin of Symmetry (2001). Deux classiques du groupe qui agissent comme une piqûre de rappel. Muse, c’est aussi un son brut, rock avec parfois une empreinte de sonorités psychédéliques comme sur certains titres d’Origin of Symmetry.

Avec une scène centrale à 360 degrés, Bellamy et Wolstenholme mettent toute leur énergie à se déplacer d’un bout à l’autre du centre Bell, torturant au passage leurs nombreuses guitares et enchaînant les riffs plutôt agressifs sous les prouesses de leur batteur, Dominic Howard.

Ce soir-là pourtant, Matthew Bellamy n’aura pas marqué les esprits par ses performances vocales. D’habitude assez puissante, sa voix aura connu quelques faiblesses çà et là qui seront néanmoins très vite oubliées grâce à ses prouesses instrumentales, au piano comme à la guitare.

Piochant dans sa discographie, la formation britannique enchaîne les morceaux au rythme d’un décor qui se renouvelle sans cesse. Des panneaux où sont projetées les ombres des membres du groupe, des hologrammes, une main animée qui dirige les instruments comme une marionnette ou encore des jeux de lumière bien pensés démontrent la minutie et la complexité apportées au décor. Une conception visuelle signée Moment Factory, une compagnie montréalaise. Il y a de quoi être fier.

Misant principalement sur des titres de leur dernier album comme Dead Inside ou encore Reapers, Muse affirme cependant son côté nostalgique et comble nos envies de fans de la première heure avec des morceaux comme Starlight ou encore le très efficace Time is Running Out.

Peu avant la fin, un drone géant fait le tour de salle au son de The Globalist.

Une multitude d’images se mettent alors à défiler sur les panneaux transparents descendus tout autour de la scène, plongeant la salle dans un autre monde, voire même une autre planète.

Une pluie de confettis tombe sur nos têtes lorsque Muse entame les premières notes de Mercy puis l’excellent Knights of Cydonia, extrait de Black Holes & Revelations (2006), truffé de références cinématographiques et d’influences musicales en tout genre.

Comme à son habitude, Muse n’a pas lésiné sur les moyens.

Bilan de la soirée: des étoiles plein les yeux, des rêves plein la tête, le cœur plus léger et le sentiment d’avoir été, le temps de quelques heures, dans un autre monde. Et de nos jours, ce n’est pas du luxe.

Texte et photo (Iphone): Marine Lardennois

SETLIST
Drones
Psycho
Dead Inside
Hysteria
Bliss
The 2nd Law: Isolated System
The Handler
Map of the Problematique
Supermassive Blackhole
Prelude
Starlight
Apocalypse Please
Munich Jam (Drum & Bass)
Madness
Undisclosed Desires
Reapers
Time is Running Out
Uprising
The Globalist
RAPPEL
Mercy
Knights of Cydonia