Une longue soirée qui commence très fort.

C’est toute une soirée qui s’annonce au Club Soda sur la rue Saint-Laurent. Au programme, du thrash, du death et même du doom progressif. Pour moi, ça commence par de la visite rare; le groupe de thrash métal allemand Dust Bolt. Rare est un euphémisme, car ils en sont à leurs deuxièmes visites au Canada et leur première ici à Montréal. Un fait que le chanteur Lenny Bruce ne manquera pas de nous rappeler plus souvent qu’autrement. Et je ne sais pas si c’en est la raison, mais toute la formation sera hyper énergique et enjouée tout le long de leur spectacle. Ils ont la rage au ventre et veulent nous montrer qui ils sont et ça paraît. De plus, leur musique est particulièrement accrocheuse et il est facile de se laisser aller. Leur métal classique aux accents death est parfait pour ouvrir pour Obituary et je ne suis pas surpris que ce ne soit pas la première tournée qu’ils le font. À voir la foule exécuter de petit «mosh pit» et de petits  «circle pit», l’on peut dire que c’est mission réussie pour un band aussi tôt dans l’affiche. Quand ils annoncent que Toxic Attack sera la dernière pour ce soir, je me surprends même à être un peu déçu. Très bon départ.

La suite ne peut qu’être excellente. Pour être complètement honnête, je n’écoute pas souvent de Skeletonwitch  par moi-même, même si j’aime bien, mais à chaque fois que je les ai vus en live, j’ai eu du plaisir et j’en ai eu pour mon argent. Ce soir n’a pas fait exception. Le départ du chanteur de longue date Chance Garnette ne s’est pas fait sans heurt avec des accusations d’agression sur un membre de sa famille et des révélations de problèmes d’alcool, mais il faut avouer que son remplaçant, Adams Clemans a déjà prouvé à maintes reprises qu’il mérite le poste avec son talent et son savoir-faire. Il chante à merveille les anciens morceaux autant que ceux du EP The Apothic Gloom où il est celui qui a posé sa voix. Pour le reste, les musiciens sont toujours aussi violents que précis avec une exécution sans failles. Il n’y a que le son des guitares qui est un peu en retrait pour faire trop de place au drum et à la bass, mais rien pour gâcher le plaisir de la foule.

Un groupe qui maîtrise parfaitement son art mais qui détonne avec le reste de l’affiche en terme de style.

Si les deux premières formations avaient sans contredit leur place en première partie d’un pionner du death métal américain, il est pertinent de se poser la question pour Pallbearer. Pas qu’ils ne soient pas excellents ou même que personnellement je ne les aime pas. J’ai écouté à plusieurs reprises leur album Fondations of Burden  et j’ai porté un intérêt certain à Heartless sortie l’an dernier. Mais est-ce qu’un doom métal très atmosphérique avec un chant aérien est ce que la foule veut entendre? Une petite partie de fans, oui bien sûr, mais pour les fans inconditionnels de métal extrême, c’est moins sûr! Ça ne bouge pas gros dans la salle et il y a anormalement trop de monde sur le trottoir dehors pendant qu’une prestation est en cours. Il n‘en reste pas moins que le groupe lui-même a été impeccable dans son interprétation et ils m’ont prouvé encore une fois qu’ils sont d’excellents musiciens. Leurs longues pièces ne sont pas les plus faciles à s’approprier la première fois et le son trop axé sur le drum n’a pas aidée les néophytes à bien saisir toute la nuance et les mélodies de leurs compositions, mais je ne saurais que suggérer à tous ceux qui ne les connait pas d’aller leur donner une chance en streaming, ils en valent la peine.

Liste de chansons:

Watcher in the Dark

Devoid of Redemption

Dropout

Thorns

Worlds Apart

On ne change pas une recette gagnante quand on la maitrise à la perfection…

Voici enfin arriver le moment de voir et d’entendre la légende du death métal américain Obituary. La foule s’est compactée sur le parterre et les attend de pied ferme. Quoi de mieux que du hard rock des années» 80 pour nous préparer à un show comme celui-ci? C’est avec humour que les Floridiens font jouer la chanson Snortin» Whiskey de Pat Travers en guise d’introduction. Mais dès qu’il embarque sur scène, les choses sérieuses commencent. Ce n’est rien de moins de Stinkupuss de leur premier album qui nous montre à quel point le show va être bon. Premièrement, le son est meilleur que tous les groupes qui ont précédé. Ensuite, les guitares sont bien avant plan cette fois et l’on entend bien chaque instrument, surtout la voix. C’est justement cette voix caverneuse, basse et plaintive, mais où l’on entend bien chacun des mots prononcés, qui a fait la marque de commerce du groupe et à ce sujet le chanteur Jonh Tardy est encore au top de sa forme. Il chante les vieilles chansons comme s’il avait enregistré les tracks sur disque hier.

Ce n’est pas le spectacle où les musiciens ont le plus d’interactions avec leur public, mais ce n’est pas non plus sans vie sur les planches. Donald, Trevor, Terry et Kenny font aller leur chevelure comme si leur vie en dépendait et les deux guitaristes n’hésitent pas pour s’échanger de place chaque côté du chanteur. La foule est là pour la musique et elle est aux anges. Les «die-hard» fans font vivre le «mosh pit» de façon énergique tandis que le reste de la salle balance la tête ou joue de la guitare dans le vide. Que ce soit une des quatre chansons de l’album éponyme sorti cette année ou de vieux classiques, l’ambiance reste aussi bonne.

… Et l’on garde le meilleur pour la fin

Cela passe tellement vite que quand le moment du rappel arrive, la grande majorité en veut encore et se fait entendre bruyamment. Heureusement pour nous, le rappel sera constitué de trois morceaux, dont deux pièces maitresses de leur répertoire. I’m In Pain est à mon humble avis le moment le plus fort de la soirée et ça me surprend que ce soit la première et la seule tirée de The End Complete qui est pourtant leur plus gros succès commercial. L’assistance a beau crier son désaccord quand John nous annonce que c’est la fin pour vrai cette fois, elle est ravie par un Slowly We Rot qui met tout le monde d’accord. Obituary a toujours été et reste un des groupes les plus pertinents dans son genre de musique et il nous l’a prouvé encore une fois ce soir.

Liste des chansons:

Stinkupuss

Threatening Skies

By the Light

Sentence Day

A Lesson in Vengeance

Chopped in Half / Turned Inside Out

Find the Arise

Turned to Stone

Straight to Hell

Deadly Intentions

Don’t Care

Encore:

I’m in Pain

Visions in My Head

Slowly We Rot

Texte: Sébastien Leonard