Le groupe Street Meat lançait son nouvel album « Prisoner’s dream » le 8 mai dernier dans un Divan Orange comble. L’album comprenant 14 pièces est co-produit et mixé par Pi S. Cutler -guitariste/chanteur des Steady Swagger- qui détient déjà plusieurs productions et/ou mix d’albums de qualité à son C.V., dont Bad Uncle, Mise en Demeure, La Tragédie et évidemment les Swagger. Enregistré en quelques jours au Mainline Theatre sur St-Laurent, le travail de Pi n’a pas dû être de tout repos. Il y a beaucoup d’instruments -mandoline, accordéon, banjo, clarinette, harmonica, scie, timbales, etc.- et beaucoup d’invités dont Sarah Lecompte-Bergeron, membre du duo punk-acoustique Mad Man Mind.

Tout d’abord, l’oeuvre -de plus en plus rare- qu’est l’album physique, est magnifique. Une toile signée Vincent Larouche qui plonge l’auditeur dans les méandres d’un autre monde avant même d’avoir inséré le disque dans son lecteur.

Dès les premiers accords de la pièce titre, sans paroles, mais accompagné d’un poème en français ET en anglais, Prisoner’s dream, on se sent aspiré dans l’univers d’un Casse-Noisettes glauque ayant frayé avec Tim Burton. Mais il ne faut toutefois pas se leurrer, nous sommes bel et bien en compagnie d’un groupe phare de la scène folk-sale de Montréal au tempo rapide et à l’attitude anar. Certaines pièces ont des accents country comme Prophets to Profit avec son solo d’harmonica, d’autres plus folkloriques comme Frigorification pouvant plaire à un très large public, fans des Cowboys Fringants par exemple. Une ou deux pièces naviguent davantage du côté de la nostalgie comme Cold Blood et The Wolf, mais un album de Street Meat n’en serait pas un sans un peu de punks rock. La pièce la plus efficace de l’album, Where start and finish meet, est parfaitement dans l’esprit folk sale avec son refrain accrocheur joué à pleine cadence. En plus d’une référence à la ville de St-Jérôme, moi-même un kid de la Rive-Nord, ça me rend le groupe encore plus attachant. Toujours avec l’esprit festif dans les rythmiques et les mélodies, les thématiques explorent plutôt le côté sombre et revendicateur; la solitude ou la publicité sauvage. Prisoner’s dream est un très bon album qui ne révolutionnera pas la roue, mais qui la fait assurément tourner dans le bon sens.

Il est très d’actualité présentement de se demander : « mais c’est quoi au juste le folk sale? » En résumé, je dirais que c’est un sacré bon nom pour définir un mouvement musical. Ensuite, j’ajouterais que le folk sale est probablement l’ultime tentative de marier la musique de Tom Waits à celle de Primus, mais en utilisant l’instrumentation de Gogol Bordello.

Mais peu importe ce que c’est, il suffit de savoir que la scène folk-sale de Montréal est vaste et comporte des joueurs importants avec de plus en plus de visibilité à l’international.

Des groupes comme Bad Uncle, Dylan Perron, Quebec Redneck Bluesgrass Project, The Steady Swagger et évidemment Streat Meat -qui ont réussi à s’intégrer dans le marché brésilien- font de Montréal La Mecque pour ce genre de musique. Et le mouvement ne se limite certainement pas à la métropole, mais s’étend partout sur le territoire du Québec, de Rouyn à Gaspé, et rien ne semble l’arrêter.

Après avoir lancé leur album à Montréal, Québec, Sherbrooke, Val-David et Ste-Hyacinthe. Street Meat sera au Zénob de Trois-Rivières le 24 juillet.

Texte: David Atman