Une soirée tout en nostalgie allait se tenir en ce vendredi 09 décembre 2022 au Théâtre Corona de Montréal. Deux des plus importants groupes du style Emo-Core se partageaient les planches devant un public conquis d’avance. Ce style musical mélangeant l’Emo et le Hardcore est aujourd’hui un peu dépassé, voire démodé. La nouvelle génération ne semble pas trop portée attention aux groupes qui, il y a vingt ans, étaient les têtes d’affiches des plus prestigieux festivals. Par chance, il reste encore beaucoup de quadragénaires friands de spectacles qui bûchent, et ils semblaient tous être réunis sous le même toit l’espace d’une soirée. Ce qui distingue ces groupes de leurs prédécesseurs et de ceux qui allaient suivre c’est les dynamiques, les changements d’atmosphère fréquents au sein d’une même pièce, les textes souvent au Je ou au Tu qui expriment des conflits humains et l’utilisation de dissonances marquées, prouvant que Sonic Youth a inspiré plus qu’une seule génération de musiciens. Le style m’a toujours particulièrement interpellé avec des artistes comme Cave In ou Thrice; moins juvénile que le Punk-Rock, plus franc que le Rock, et, parfois, plus intelligent que le Métal. La soirée s’annonçait d’ores et déjà comme une réussite.

Cursive est original et inventif. Les mélodies sont ultra-recherchées et originales. L’utilisation d’éléments électroniques et de trompette donne au produit un charme inattendu. L’urgence est bien présente dans les textes alors qu’on nous chante des phrases comme « Doctor, fix me » « Cry yourself to sleep » ou bien « I’ve got my problems waiting back home ». Les musiciens partagent à chaque instant leur bonheur d’être sur place, c’est palpable. Et malgré les textes dépressifs, ce sont de grands sourires qu’ils arborent sur leur visage. Après une heure de spectacle, l’on peut clairement se demander pourquoi ce groupe n’a pas eu un succès commercial encore plus grand, ç’aurait été clairement mérité.

Thursday allait suivre en enchaînant l’entièreté de l’album Full Collapse lancé il y a 21 ans. Leur joie d’être sur une scène à Montréal est aussi palpable que chez Cursive dont ils font l’apologie, entre deux morceaux, comme étant une des influences majeures. Alors que le public est immergé par la voix juste et précise du chanteur, le batteur en arrière-plan est à lui seul un spectacle digne de mention. Ses gestes sont souples mais directs, son charisme attire le regard, et la maîtrise de son instrument est à couper le souffle. Le chanteur Geoff Rickly en profite également pour nous raconter une anecdote concernant l’industrie du disque qui stipule que le groupe a ajouté à la dernière minute une pièce provenant de leur premier démo à l’album Full Collapse, une pièce pas très bonne selon ses dires, qui n’aura servi qu’à obtenir 11 sous de plus sur chaque album vendu. Après un 40 minutes dédiées à l’album Full Collapse, le groupe prend une brève pause qui n’est ni un rappel ni une intermission. Le public est un peu confus, plusieurs croient que c’est déjà la fin et quitte les lieux mais Thursday revient sur scène pour quelques pièces supplémentaires avant de terminer avec la mythique War all the time, provenant de l’album du même titre, album qui a mon sens est un tantinet supérieur à Full Collapse.

Ce fut intense et impeccable.