Quarante-cinq années se sont écoulées depuis la formation du groupe anglais Echo & the Bunnymen. Le groupe Post-Punk et New-Wave était de passage au Théâtre Corona de Montréal pour épater la galerie et créer une soirée à l’ambiance gothique sans le maquillage et la dépression.

En première partie, Bye Parula, nouveau quatuor montréalais n’ayant que cinq concerts à leur actif, aurait reçu un appel téléphonique de Ian McCullogh, chanteur de Echo & the Bunnymen, la veille du spectacle afin qu’il y fasse la première partie. Ça fait une belle histoire à raconter. Bye Parula compose de la musique feutrée et calme dans un style que l’on pourrait qualifier d’Indie-Rock aux ambiances proches des années 80. Les nombreuses harmonies vocales sont une partie importante de leurs compositions et rappellent par moments les envolées de groupe comme Half Moon Run. Les chansons sont bien réfléchies, captivantes et immersives, parfois planantes et très lentes, parfois un peu plus funk non loin d’un Prince sans la prétention. Nous sommes dans une esthétique complètement à l’opposé du punk-rock. Ce fut un spectacle d’une grande qualité ordonné par des musiciens d’expérience capables de jouer avec les nuances. Leur premier album verra le jour en janvier prochain. Nous vous en reparlerons certainement.

Echo & The Bunnymen se présente sur scène avec un charisme de rockstar indémodable. Ian McCullogh, et ses lunettes de soleil, dirige le groupe d’une main de fer en bon maître d’orchestre. Le chanteur a la voix enrouée comme n’importe quel chanteur de cette époque qui aurait un peu trop abusé des bonnes substances. Sa voix semble fatiguée, mais ce n’est qu’une illusion. Il a une parfaite maîtrise des notes qui sortent de sa bouche et contrôle avec précision son souffle et son intensité. Le chanteur profite de chacune des parties instrumentales pour s’hydrater, bien assis sur son tabouret. Les musiciens sont plutôt immobiles mais une énergie palpable se dégage de leur façon d’aborder leur instrument. Le public fut aussitôt conquis et charmé par l’attitude du groupe. Pour être franc, je ne m’attendais pas à un enthousiasme si largement partagé entre les spectateurs qui semblaient tous connaître la totalité des paroles des chansons et reconnaissaient chacune d’elles dès les premières notes. L’enthousiasme du public cumule lorsque le groupe interprète Walking on the Wild Side de Lou Reed ainsi que People are Strange des Doors. Après une seule heure de spectacle, le groupe remercie le public et sort de scène de longues minutes avant de s’y représenter sous une chaude pluie d’applaudissements. Ils interpréteront une seule chanson, cette fois avec un Ian McCullogh debout devant son tabouret, avant de repartir et de faire patienter le public pour un deuxième rappel. Le processus c’est à nouveau reproduit pour une troisième fois. Trois rappels pour trois chansons, disons que ça frôlait un peu le ridicule. Sinon, outre ces trois rappels déjà planifiés comme une mise en scène, la performance fut magistrale et le public rassasié.