L’Artiste belge Piwi Leman, qu’on a l’habitude de côtoyer en formule solo et ukulélé, nous arrive cette fois avec un nouvel album et un groupe de quatre musiciens pour l’accompagner.
À voir la tronche du bonhomme européen, on s’attend à une musique lourde, quelque part entre Lofofora et Gojira, mais il n’en est rien. On a plutôt à faire à de la musique folk, parfois folk-punk mais toujours très près de la chanson française. Ses albums précédents nous avaient habitué à des textes revendicateurs et politiques, sur l’environnement ou la situation des sans-papiers. Cette fois, le punk dans l’âme, Piwi Leman, plonge au fond de l’abîme du Moi comme jamais auparavant. Celui à la carrure droite et à l’affirmation solide préfère sur cette album nous ensorceler dans les méandres des émotions. C’est peut-être la crise de la quarantaine avancée que l’on sent s’approcher comme un chat dans la brume, traversant le carrefour des idées. Chose sûr, malgré une accalmie certaine dans les thématiques, Piwi ne trahit jamais son passé d’anarchiste qu’il continue à merveilleusement bien faire évoluer.
Le grand sage à la progéniture nombreuse, et maintenant sobre depuis de nombreuses années, voit la vie sous un autre angle. On finit tous par être, un jour ou l’autre, écœuré de gueuler. La fibre contestataire et belliqueuse sur cet album se transforme sous nos yeux en art de -bien- vivre et en volonté de dosage. Des pièces comme Jeanne et Planter un arbre sont d’une splendeur poétique que seul l’expérience permet d’atteindre alors que d’autres, beaucoup plus rock, comme A-ML 17.5, Advienne que pourra ou la Ska Quand la mer monte laisse une place importante à l’instrumentation qu’apporte le groupe. On retrouve tout de même l’esprit contestataire sur la pièce à saveur reggae Marche M et un clin d’oeil à son pays d’accueil, le Québec, avec une reprise particulièrement réussie de Paul Piché.
Un album varié, touchant et inspirant.
Meilleures pièces
A-ML 75.5
Quand la mer monte
Heureux d’un printemps