La rumeur courait déjà depuis un certain temps, et elle s’est concrétisée lorsque les producteurs de Toronto l’ont annoncé, bien avant ceux de Montréal; les visas de Marduk ne sont pas arrivés à temps entrainant ainsi l’annulation de la tournée canadienne. Les fans ont reçu un remboursement de 7 $ ou un remboursement complet. Mais le concert a tout de même eu lieu, à l’Astral, avec trois importants groupes internationaux de Black Métal. Lieu tout à fait surprenant pour la présentation d’un tel concert, mais la thématique de la soirée a vite transformé l’image de matante que l’on pouvait avoir de cette salle. À moins que ta tante aime la scarification et boire du sang de bébé chèvre.

Quiconque, producteurs, gérants, agents ou musiciens, qui a, ne seraient-ce qu’une seule fois eut à faire à la paperasse et la bureaucratie des visas et des permis de travail connaît l’ampleur de la tâche et comprend l’inévitabilité de l’attente. Comme en attendant Godot. Ou un Kafka disjoncté remplis de formulaire à compléter, de lignes qu’on-ne-sait-pas-trop, de termes qu’on-n’est-pas-trop-sûr, de preuves de-ci-et-de-ca et de signatures en bas de page. Une montagne de feuilles et de photocopies, sur chacun des musiciens et de leurs instruments, des techniciens et de leur équipement, des gérants et même des blondes. Des dates précises, des chèques à envoyer, et soit bien sûr de ne pas avoir oublié dix sous. Une tâche insurmontable et insupportable qui recommence à chacune des tournées. Et ensuite; l’attente. Interminable. Ne pas savoir si ta tournée sera annulée ou non. Ne pas savoir si tes billets d’avion pourront être remboursés ou échangés. La crainte d’en fait annuler ta tournée et de recevoir tes visas le lendemain. Dans le cas de groupes internationaux comme celui-ci l’on parle de milliers de fans, de plusieurs dizaines voire centaines de milliers de dollars en jeu, des diffuseurs qui seront à perte, des agences qui ont fait des campagnes importantes de promotions pour rien. C’est le risque du métier diront certains. Ça rend le jeu de booker des groupes excitant. Faux.

Peut-être que les règles du jeu seraient à revoir. Peut-être que le joueur d’en face devra éventuellement décider de donner un peu de lousse aux artistes, un peu de répit aux crèves-faim. Dans le cas de Marduk, il y a trop de monde déçu pour ne pas trouver de solution, une passe-droite. Il semblerait que les blakmetalleux ne soient pas non plus admissibles à une exemption. Dommage. Je les verrais à leur retour. En attendant Sébastien Jetté se brassera la touffe sur Necronomicon, Carach Angren, et Rotting Christ. Bon spectacle mon ami.

Soirée black métal à l’Astral. Plutôt inhabituel pour un spectacle de ce genre en ce temple du jazz et malgré le retrait de Marduk la salle était bien remplie Necronomicon était en pleine forme pour leur retour à Montréal. Le chanteur était très content de pouvoir parler français. Ce fut un 30 minutes énergique de ce trio. J’en aurais pris un peu plus vu le retrait de Marduk. Vivement leur retour en tête d’affiche.

Ensuite Carach Angren embarqua sur scène à l’heure pile prévue. Ce fut une très belle découverte pour moi avec leur black métal symphonique. En n’étant pas un grand amateur de black, je me fis prendre au jeu avec leur mélodie et surtout le charisme du chanteur, une vraie petite bombe ambulante sur scène. Seregor n’a pas besoin de démaquillant, car à la fin de la soirée, presque pu de maquillage tellement il dégage d’énergie. On a même eu droit à un wall of death.

Pour clore la soirée, Rotting Christ. Une autre belle découverte pour moi pour ce groupe venue de la Grèce. Leur black métal entrainant me conquit sur le champ. Le groupe était vraiment content d’être sur place hier soir, en ayant un peu plus de temps de jeu, vu le retrait de Marduk pour la soirée. Vraiment un groupe à découvrir.

Texte: David Atman & Sébastien Jetté

Photos: Sébastien Jetté