Mardi soir au Théâtre Corona se déroulait une belle soirée emplie de guitares violentées consciencieusement, accordées au seuil de l’inaudible, et de complexité rythmique et harmonique semblant défier les capacités humaines… Eh oui, je parle du bon vieux métal alternatif teinté de djent d’Animals as Leaders, avec Intervals et Plini. Les deux derniers étant constitués des mêmes membres, disons qu’on peut considérer ça comme une grosse première partie.

Plini, un groupe relativement semblable à Animals As Leaders originaire d’Australie, avait manqué à l’appel au bar Le Ritz il y a quelque temps de cela, et de les voir dans une salle qui ne sonne pas comme un cube de roche m’a été assez agréable. Les gars sont tous très forts, et malgré que la sonorisation ait été défavorable aux volumes des solos des deux guitaristes et du bassiste, ce n’est pas long qu’on le comprenne; ils sont extra-tight ensemble, ne font aucune erreur et sont super calmes et concentrés… peut-être même un peu trop. En général par contre, l’énergie n’était pas au rendez-vous (même s’ils essayaient visiblement d’avoir une certaine présence), mais la musique compensait largement.

Pour Intervals (je répète que les deux groupes se partagent les mêmes membres, sauf que les deux guitaristes échangent de rôle), c’est le même combat à quelques exceptions près. Leur jeu de lumière étant plus présent bien qu’un peu trop puissant et comportant un choix de couleurs discutable. L’énergie était mieux transmise au public qu’avec Plini en avant et c’était réciproque, ce qui a amélioré le cas de l’intérêt visuel. La musique est selon moi moins bonne que celle de Plini, mais le show était définitivement meilleur.

On arrive alors à Animals as Leaders, c’est à dire pas à la même place du tout, notamment par leur esthétique visuelle qui était travaillée à fond, à la Meshuggah (mais quand même pas aussi minutieuse et perfectionniste, pour la bonne raison que c’est presque impossible), et qui accentuait de beaucoup leur performance minutieusement travaillée. Même si leur présence scénique était pratiquement nulle, presque comme toujours pour les musiciens de musique assez technique, j’étais, comme tout le monde, abasourdi par la performance réglée comme au quart de ton. J’ai été un peu déçu par le son, qui était très peu clair par rapport à la performance de Plini, avec beaucoup trop de basses notamment. C’était en partie causé par leur backing track trop dense à mon avis… J’ai souvent un problème avec l’abus de backing tracks, et même si pour AAL je comprends la nécessité d’en avoir une (pour les batteries électroniques par exemple), l’abus dans leur cas est plutôt lié au nombre de choses qu’ils veulent intégrer à leur trame, alors qu’on n’en entend même pas la moitié. Ça déçoit un peu, vu qu’on veut tellement entendre les subtilités du jeu des guitaristes, surtout dans des pièces comme An Infinite Regression ou The Woven Web. Malgré tout, l’ordre des pièces était bien pensé, et la performance, en gros, n’aurait pas pu être supérieure. En gros, un spectacle hors du commun, un genre de grosse symbiose d’éléments qui feraient headbang le plus insensible des hommes. À chaque fois que je les vois en live ils se surpassent d’une manière ou d’une autre… je ne suis certainement pas le seul, à la suite de ce show, à avoir déjà hâte de les revoir.

Texte: Hugo Tremblay

Photo d’archive