Jeudi, 4 septembre

Pour sa 19e édition, l’organisation du festival mise sur une programmation majoritairement punk, rock et métal avec un soupçon de reggae et de rap réservés pour sa clôture. Ne connaissant presque aucun des groupes invités, je reste ouverte aux découvertes, prête à me laisser surprendre. Comme tout le monde, j’ai fait mes recherches préliminaires sur les différents groupes et leur style, mais ça m’aidera surtout à savoir vers quelle scène me diriger. En effet, le festival, qui s’étale sur trois jours, nous donne le choix entre 5 scènes et plus de 50 groupes au total. Des groupes locaux et étrangers fouleront les diverses scènes dans le but de rallier plus de fans à leur cause. Rappelons que plusieurs groupes maintenant connus ont fait d’abord leur preuve lors des éditions précédentes de ce festival tel que NOFX, Pennywise, Sum 41 et As I Lay Dying.

L’ouverture se fait donc au complexe Méduse avec le concours international PlanetRox initié par les mêmes organisateurs. Au cours de cette finale régionale, cinq groupes émergents s’affrontent dans l’espoir de pouvoir nous représenter sur la scène internationale.

Mes deux coups de cœur sont Meet the Mailman de Québec et Code 40-11 représentant Montréal. Le concept mis en avant par les gars du premier groupe me semble gagnant. Tout tourne autour d’un personnage, le mailman, qui serait en fait un meurtrier en série. La deuxième formation, quant à elle, décrit leur style comme étant « punk, skate, basket ». Un mélange d’électricité, de conviction et d’extériorisation d’émotions diverses qu’ils auraient gardées trop longtemps à l’intérieur d’eux. Ils explosent littéralement en se jetant dans les airs comme si la gravité n’avait pas d’impact sur leurs corps. Ces deux groupes me semblent mieux rodés que les suivants. J’accorde une mention aussi à Awake in the Noise, qui, malgré quelques petits accrocs quant à la prononciation des paroles anglophones, s’est bien débrouillé pour mettre de l’ambiance. Bladies me semble manquer d’expérience. Les trois cousines de Victoriaville, bien que très attachantes, ne me convainquent pas. Elles peuvent être fières de s’être rendues jusque là, mais auront, selon moi, un bon chemin à parcourir avant de pouvoir remporter ce genre de concours. J’apprends finalement que c’est Goodbye Sparta, un groupe de Saguenay qui a remporté la faveur du public. Peut-être leur mise en scène et leur distribution d’épées en styromousse auront-ils joué en leur faveur?

Je décide de finir ma soirée au Cercle. J’arrive à temps pour entendre leurs dernières chansons. Comme j’ai horreur de « Ces gens qui dansent », l’opinion que j’ai d’eux n’est, a priori, pas très bonne. Au fil des notes, je baisse un peu ma garde. Ils se révèlent être chaleureux et comiques, mais ça n’empêche pas qu’ils aiment répéter une seule et même phrase tout au long de leurs refrains… ce que je trouve lassant. À leur suite, Caravane fait son entrée. C’est un peu plus tranquille que ce à quoi j’ai assisté au complexe Méduse, mais ça ne manque pas de personnalité pour autant. Le groupe n’en est pas à sa première prestation et ça se voit. Il est en effet possible que vous les ayez déjà connus en tant que The Hunters. C’est le nom sous lequel ils ont voyagé à travers l’Europe et les États-Unis avant de changer pour faire honneur à la langue de Molière. En tout cas, le public semble bien connaître leur répertoire francophone et chante en chœur. À noter au passage que je tripais déjà sur leur chanson intitulée « Minuit ». Je m’en donne donc à cœur joie et me mêle à la foule qui danse déjà depuis un moment devant la scène.

Vendredi, 5 septembre

Je commence ma soirée sous les viaducs avec deux bands punk: Less Than Jake et Screeching Weasel. Je décide ensuite de transférer à l’Agitée: un peu de marche me fait toujours du bien. Par contre, c’est moins plaisant quand il pleut à boire debout! J’essaie tant bien que mal de protéger mon équipement du déluge alors que je parcoure les quelques rues qui me séparent de l’Agitée. J’arrive beaucoup trop en avance au bar. J’attends donc patiemment dans la pièce qui sert de loge aux artistes en jasant avec un comparse de photo et d’autres thèmes divers. Enfin, les premières notes résonnent jusqu’à nous et nous grimpons les marches pour aller faire notre travail. A Hundred Ghosts me plaît. Comme la quasi totalité des groupes mis en avant par le festival, il m’était inconnu jusqu’à présent, mais je suis agréablement surprise. Ils sont 7 sur la petite scène et je me demande comment ils font pour trouver la place pour bouger. Ils sont tout de même dynamiques et les deux chanteurs principaux s’avancent tour à tour pour s’échanger le scream et le chant. L’un d’eux déclare s’inspirer de Linkin Park. Sur le coup, j’ignore s’il s’agit d’une blague ou s’il est sérieux, puisqu’il semble être d’humeur à rire, mais cette comparaison me semble juste.

C’est au tour de Goodbye Sailor d’être accueilli par la foule. Je me trouve maintenant devant un Paramore mexicain. La chanteuse alterne entre l’anglais et l’espagnol et ajoute quelques sonorités électro à l’aide d’un synthétiseur. Le groupe est content de se retrouver au Canada pour la première fois. Ses membres ont pensé à l’aspect Marketing, car, à leur sortie de scène, ils nous distribuent des autocollants à leur effigie.

Ma soirée se termine après les deux premières chansons de Sleep When You’re Dead qui ne me convainc pas vraiment. Pas qu’ils manquent de volonté, loin de là. C’est peut-être à cause de la fatigue, mais avec tous ces feedbacks et ces bruits aigus, le mal de tête me saisit le cerveau.

Samedi, 6 septembre

La journée de samedi est la plus chargée en nombre de prestations. Débutant vers 2h de l’après-midi à l’Îlot Fleuri situé sous les viaducs du boulevard Charest, elle ne se terminera que vers 2h du matin. Un gros 12h de spectacles. Je me demande pourquoi cet endroit porte un nom pareil. Autour de moi, aucune fleur et même très peu de verdure. Les seules traces de nature qu’on pourrait voir parmi les structures de béton sont évoquées par les graffitis. Bref, je suis arrivée à temps pour assister à la performance de Our Darkest Days que j’ai déjà vu se produire à l’Omnium du Rock. Les gars semblent ravis de jouer pour l’Envol et nous gratifient de leurs plus beaux sourires. Peut-être est-ce parce que le beau temps est revenu. La pluie a cessé pour faire place à un ciel bleu. En sortant du photo pit, je constate que l’écho est magistral. On peine à distinguer les divers instruments. Je me dis que c’est typique de l’endroit et n’en fais pas de cas. Les groupes se succèdent. The Splash, une formation punk du Royaume Uni ne se prend visiblement pas au sérieux. Ça fait partie de son image de marque. Malgré un soundcheck un peu long, The Brains, de Montréal, m’épate avec une contrebasse qui peut rocker plus qu’une guitare électrique. Quant au groupe japonais appelé Wire Stripper, il me semble tout droit sorti d’un manga avec ses mimiques exagérées.

La performance la plus intense est livrée par Get The Shot et son chanteur survolté. J’ai l’impression que le nom de leur band est directement adressé aux photographes. Il nous fait travailler fort et nous sommes nombreux à essayer de suivre ses explosions. Animé par une violence incontrôlable, il monte sur les caisses de son disposées en avant de la scène et se fraie un passage jusqu’à la foule. Il va même jusqu’à se mettre en plein milieu d’un pit et à faire crier ses fans avec lui. Je n’avais jamais rien vu de tel jusqu’à présent. J’ai peur de trouver les prochains groupes ennuyeux après ce déplacement d’air et d’ondes sonores… Mais je vais connaître Madball et Grade. L’énergie ne baisse pas au passage des 2 têtes d’affiche. Au contraire, je me trouve au milieu d’un crescendo sans fin. Les échanges entre la scène et la foule se poursuivent. Respectivement originaires de New York et de l’Ontario, ces groupes hardcore ne donnent pas leur place. Avec Sick of it All, il n’est pas encore question de se reposer. Dès la première note, ils donnent le ton et maintiennent l’énergie au top tout au long de leurs chansons. Il faudra attendre à From Our Hands pour que ça se calme un peu, car il sert de transition pour la suite.

Pour moi, il s’agit de la meilleure journée. Comme nous ne pouvons photographier que pendant 3 chansons, je traîne avec mes semblables sous la tente réservée aux médias en attendant le groupe suivant. Au menu: poutines, bières et niaiseries. Les spectateurs ont mis du temps à se rassembler. Ce n’est que vers la fin de la journée que la foule devient masse. Une odeur d’herbes fraîches parvient jusqu’à mes narines. Ça y est, nous passons du rock au reggae et, après cette journée haute en adrénaline, je me laisse bercer avec plaisir par Sublime with Rome avant de retourner chez moi, comblée et exténuée de ma première expérience de festival en tant que média.

Texte et photos : Jessica Dufour

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