S’il restait encore des billets à la porte pour assister à Kreator et Sabaton vendredi dernier en début de soirée, ce fut de courte durée. Le MTelus a rapidement affiché complet et l’évènement présenté par Heavy Montréal et The Noise s’est donc fait devant une salle pleine à craquer.

Un supergroupe à saveur hard rock

La double tête d’affiche est supportée par Cyhra, une nouvelle formation composée de grosses pointures du monde de la musique, et à qui il revient de réchauffer la salle. Incluant Peter Iwers et Jesper Strömblad respectivement à la basse et la guitare (In Flames), Alex Landenburg à la batterie (Luca Turilli’s Rhapsody), ainsi que le chanteur Jake E, qui faisait originellement partie de Amaranthe, on constate que le supergroupe a des influences émanant de plusieurs styles musicaux différents. Je ne connaissais pas la formation comme telle avant leur passage au MTelus, mais appréciant chacun des groupes d’où proviennent les musiciens, il m’est facile de faire des liens, en particulier avec Amaranthe. Cyhra possède effectivement le côté power-électro-pop de la formation suédoise dans certaines de leurs chansons, par exemple leur nouveau single Heartrage, mais avec des riffs un peu plus pesants et moins électro. Au moment de débuter leur performance, les membres de Cyhra sont introduits un à un sur scène durant l’ouverture progressive de la chanson Dead to me. L’expérience des musiciens transparait dans leur assurance et leurs interactions avec la foule. Alors qu’ils poursuivent avec Here to Save You, Jake fait activement participer les spectateurs, en nous demandant d’utiliser nos cellulaires pour illuminer la salle, et nous fait ensuite scander le refrain durant la chanson Closure. À regarder les gens embarquer si facilement, il apparaît évident que Cyhra s’est fait de nouveau fans lors de leur passage à Montréal. Le groupe termine leur courte prestation de 30 minutes avec Karma, un morceau énergique qui laisse la foule vitalisée pour les spectacles à venir. Il s’agit d’une excellente entrée de jeu pour la soirée.

Que de l’intensité pour Kreator

Vient ensuite rapidement le tour de la formation thrash métal germanique. Ils ont une fanbase importante au Québec et ça se voit au parterre: la foule est prête! Dès le début de leur prestation, plusieurs générateurs de fumées sur le devant de la scène projettent d’immenses colonnes de fumée blanches, ce qui produit une ambiance diffuse. Outre leur gigantesque bannière en arrière-plan, il s’agit de leur unique accessoire. Ils entament Phantom Antichrist et Hail to the Hordes, et rapidement ça se met à brasser dans la foule. Cette entrée en matière donne le ton pour la soirée, puisque Kreator laisse une place prépondérante à leurs deux plus récents albums, jouant cinq morceaux provenant de God of Violence et trois de Phantom Antichrist. Le groupe entame alors Army of Storm, moment où Mille Petrozza demande à l’auditoire de se séparer en deux afin de faire un wall of death. La foule s’exécute avec beaucoup d’enthousiasme, et lorsque le signale est lancé, s’en suit un immense mosh pit qui ne prendra fin qu’avec leur performance. La musique est énergique à souhait et va droit au but. J’ai d’ailleurs bien aimé la façon dont le chanteur a introduit la chanson Flag of Hate, en faisant virevolté un immense drapeau inscrit « hate » dessus. Durant leur prestation de 75 minutes, Kreator jouera au total 15 morceaux provenant de neuf albums différents. Ils concluent avec Pleasure to Kill, que le groupe à fait durée au plus grand plaisir de leurs fans.

Il semble que plusieurs spectateurs se soient présentés au MTelus spécifiquement pour l’une des deux têtes d’affiche. C’est effectivement mon cas, et étant une très grande fan de Sabaton, j’avoue humblement ne pas être familière avec l’Œuvre de Kreator. Je les connaissais de nom, mais cela n’a rien de bien surprenant pour un groupe qui cumule plus de trois décennies d’histoire et pas moins de quatorze albums. J’ai cependant vraiment apprécié leur musique, ce qui me fait me demander comment j’ai pu faire pour ne pas les avoir sur mon radar musical si longtemps. Ils ont donné une excellente performance, qui se voulait sobre dans l’ensemble et sans fla-fla. De bons musiciens jouant de la bonne musique, souvent, c’est tout ce qu’il faut!

Une foule en liesse pour Sabaton

Alors que la foule attend la formation suédoise de pied ferme, on entend le rythme de In the Army Now qui commence, et la salle frémit d’anticipation. Il s’agit d’un petit leurre puisque la chanson n’est qu’un enregistrement, Sabaton sait bien se faire désirer, semble-t-il! Pendant qu’on patiente, on remarque qu’il n’y a pas de bannière de visible sur scène, on y voit plutôt un immense écran géant. Quoique moins impressionnant que le tank qu’ils ont emmené d’Europe lors de leur passage au Heavy Montréal en 2016, l’écran est toutefois très à propos et servira à montrer des clips en lien avec chaque chanson. Le groupe embarque réellement sur scène un moment plus tard en entonnant Ghost Division, un classique qui fait exploser la salle d’énergie. Le groupe enfile plusieurs succès tels que Carolux Rex, Winged Hussars, The Last Stand, Primo Victoria et Swedish Pagan, que l’auditoire chantait d’ailleurs avec insistance avant même qu’ils ne la débutent. Il y a quelque chose avec le power métal de Sabaton qui génère un enthousiasme incroyable, l’intensité de la foule était belle à voir et inarrêtable! À ce moment-ci, Joakim Brodén souligne que, pour un groupe comme Sabaton qui a joué plus de mille spectacles, la représentation du MTelus avec une foule d’une telle intensité, est quelque chose qui ne se produit d’une fois sur cent. Tous les membres de la formation ont l’air d’avoir du plaisir sur scène; ils sont tous extrêmement souriants et on a également droit à quelques épisodes comiques, comme les deux guitaristes Chris Rörland et Tommy Johansson qui décident de jouer à roche-papier-ciseaux entre deux gammes. À un certain moment, le groupe donne la possibilité à la foule de choisir la prochaine chanson entre Into the Fire et The white Death en faisant un concours de cris. J’ai hurlé de plein poumon pour Into the Fire qui est l’une de mes préférées, mais en vain, puisque visiblement beaucoup plus de gens désiraient plutôt la dernière. Mon cœur a saigné l’espace d’un instant, mais il s’est rapidement remis. Sabaton nous a vraiment offert une soirée incroyable, qui s’est achevée avec To Hell and Back, un excellent choix de chanson pour permettre à la foule de sortir l’énergie qui lui restait, avant de devoir rentrer à la maison.

Nous avons assisté à un évènement fantastique le 02 mars dernier au MTelus. La programmation, qui combinait hard rock, thrash et power métal, était des plus réussies et complémentaire, et il s’agit sans l’ombre d’un doute de l’un des meilleurs spectacles de 2018. Et considérant la facilité avec laquelle Kreator et Sabaton ont conquis le public montréalais, ces derniers seront sans doute heureux de les voir à nouveau dans un avenir rapproché.

 

Texte: Isabelle Sullivan

Photos: Sébastien Tacheron