A chaque nouvel album de Mass Hysteria la même question: est-ce vraiment un album nouveau. 25 ans de slogans scandés avec une énergie enviable sur des riffs qui tournent en boucle — voire en rond — disons qu’on connaît la chanson. Identité forte ou pantouflade? La tripotée de hits capables de faire lever n’importe quelle foule nous oblige à considérer honnêtement la première solution… Alors quid de Maniac.

Le ton est donné dès la première minute: la recette de Mass est toujours là, solidement accrochée comme une moule sur son rocher. Introduction électronique, riff monocorde, démarrage en trombe; on y entend un retour annoncé au feeling du premier album et de son incontournable P4. Les fans de la première heure seront ravis, ceux qui sont toujours passés à côté sans laveront toujours autant les mains.

Sans ralentir, le disque peaufine son point de rencontre entre Slayer et l’indus old-school. Nos quadras en short assument leurs amours de jeunesse. C’est clair, net, précis, donné avec le cœur et une production millimétrée. Mais autant les efforts précédents semblaient tournés vers une volonté de prod» toujours plus grosse, celui-ci semble avoir voulu un ensemble plus profond et — toute proportion gardée — plus subtil.

Les samples sont omniprésents mais pas envahissants, libérant de fait beaucoup d’espace à la voix. La verve de Mouss est intacte, égale à elle-même: un peu poétique, un peu politique, toujours dans la punchline destinée à être reprise en chœur par «les furieux, les furieuses». Impossible d’échapper à quelques jeux de mots capillotractés, mais peut-on vraiment lui en vouloir. Positif à bloc, Camarade.

Qu’on aime ou non et malgré l’aspect éculé de leur recette, il faut reconnaître que l’ensemble a été tiré vers le haut dans sa sève et pas juste niveau production. Le quintet semble moins en pilote automatique que dans certaines périodes de creux. Contrebalançant leur tendance nostalgique, il faut reconnaître une volonté certaine d’avoir porté la composition un cran au-dessus; un soin particulier a été apporté au duo guitare/batterie, gonflé par l’énergie de leur dernière tournée et plutôt au sommet de leur art. Les gars ont le cardio dans le tapis, serons-nous capable de suivre?

Marien Joly

 

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