Gros plateau hier mercredi 29 octobre au Métropolis, transformé en antre de la barbe et du mur d’amplis. Orange, qui endorse autant Kvelertak que Mastodon, était à l’honneur une bonne partie de la soirée, au même titre qu’une abondante pilosité faciale. Seule la clique de Gojira était rasée de près, ce qui n’a jamais empêché de faire du hard, la preuve.

Trois guitares et une chouette sur la tête, c’est Kvelertak qui a la lourde tâche d’ouvrir cette tournée titanesque étiquetée Roadrunner. En bons professionnels, ils ont commencé tellement à l’heure que l’auteur -passablement distrait- est entré dans la salle juste à temps pour entendre un « merci Montréal » et constater la bedaine à l’air du chanteur, visiblement aussi satisfait que le public présent. Ça m’apprendra.

Bien installé à 10m dans l’axe du drum kit, une baleine résonne au-dessus du stage noir et blanc annonciateur de Gojira. De mémoire d’homme, c’est le premier groupe capable de déclencher un début de mosh pit sur un chant de cétacé. Les premières notes d’Ocean Planet traversent le Métropolis et le public explose. Ça rentre toujours aussi fort.

Baleine volante

Un peu trop fort peut-être, le groupe sans cesse sur la route avoue être fatigué, et l’enchainement The Heaviest Matter of the Universe / Backbone peine à être conclu. Pas de catastrophe, loin de là, mais Gojira a l’habitude de mettre la barre très haut et souffre de ses propres qualités. Le pit y trouve son compte, aucun problème.

L’Enfant Sauvage et Toxic Garbage Island confirment cette impression de groove par défaut. Ce soir ça fonctionne grâce au travail et au talent du groupe plus que grâce à l’énergie. Dommage de finir sur la lourdasse Vacuity, une belle envolée épique pour consommer les dernières énergies aurait été appréciée.

Un set orienté death mais plutôt laborieux, on attend leur retour en tête d’affiche avec le prochain album, comme ils l’ont annoncé à la fin du show. Pour le plaisir, les plus observateurs auront vu une baguette-gant-de-toilette apparaître par intermittence de derrière un ampli pour provoquer un gros BAOUM, très représentatif finalement d’un show de Gojira.

Grosses barbes

Murs d’amplis, grosse batterie, c’est sans complexe que Mastodon prend la suite de Gojira. La mise en scène est impeccable et la scène du Métropolis n’y est pas étrangère. Les Orange noirs sont bien dressés au milieu de lumières du vert au rose. Leur heavy métal ne pourrait être plus psychédélique.

Une folie psyché pourtant très tranquille, tant leur maîtrise totale rend l’ensemble facile pour eux d’un bout à l’autre. Sans forcer, Mastodon file tout droit avec une facilité et une précision déconcertantes. C’est tellement fluide qu’on pourrait presque espérer un accroc pour virer dans le rock’n roll, mais comment leur reprocher de passer plus de temps à peaufiner leurs gammes que leurs mèches!

Gros tubes

C’est amusant de voir qu’une musique aussi complexe en termes de composition a son lot de hits. The Motherload en était le parfait exemple dans la première partie du show. L’absence de frontman laisse en revanche toujours une impression bizarre, même si les poses du bassiste valent leur pesant de cacahouètes. Sacré gabarit. Avec chacun son couplet, les mauvaises langues pourraient dire que Mastodon, c’est One Direction avec plus de barbe, que nenni! C’est aussi la force du groupe de savoir construire un heavy métal très dense mais où chacun aura son espace. Quand on aime le genre, c’est un régal.

Ombre au tableau, le Métropolis démontre encore une fois que la salle, aussi belle soit-elle, n’est pas capable de prendre les graves des groupes heavy. Les guitares partent vite en bouillie et il aura fallu tout le professionnalisme des techniciens de la tournée pour en faire quelque chose de potable. Bravo, mais dommage.

Texte : Marien Joly