On aura vite compris que malgré l’âge qui commence à se faire visible qu’il n’y aurait aucun compromis de fait par les membres du quintette suédois Refused. Avec à sa tête l’une des figures les plus influentes du punk-politique Dennis Lyxzen se trémousse comme James Brown dans sa vingtaine tout en utilisant sa voix rauque et parfaitement contrôlée afin de gueuler des hymnes de gauche à tout casser. Je suis loin d’être un fin connaisseur de l’œuvre du groupe qui perdure depuis trois décennies, mais la cadence explosive et la fougue chaotique ont atteint droit aux tripes les fans dévergondés qui attendaient de pied ferme leur venue montréalaise. Ils ont prêché aux converties, mais sans jamais devenir moraliste.

Le groupe Racetraitor se présente sur scène à 19 h 30 bien pile devant une salle assurément très peu remplie. Il propose un Hardcore qui m’a semblé assez conventionnel, mais néanmoins puissant et lourd. La présence scénique du chanteur est captivante et infiniment intense. Même si la majorité des pièces n’ont pas su me toucher autant qu’elles auraient pu, peut-être par manque d’originalité, ou du son un peu étouffé (qui perdurera tout au long du concert d’ailleurs), on a assurément affaire à un groupe assumé bourré d’expérience. L’avant-dernière pièce du court spectacle m’a particulièrement plu avec sa rythmique cassée.

L’entracte se fit entendre au son de AC/DC, ensuite Everlast, White Zombie, Queen et même Mississipi Queen, enfin, tout pour détruire une ambiance. Comme si nous étions à Woodstock en Beauce. Ce fut un peu pénible.

Le duo Youth Code, originaire de Los Angeles comprenant une chanteuse-scream et un Dj/bidouilleur électronique mélangeant la voix du Hardcore d’antan et la musique pop-électronique propose un son particulièrement original (même si le style tend à se populariser et se démocratiser). La performance fut appréciée du public qui commençait à bien occuper l’espace. Le duo démontre une grande maîtrise de son art. Ils sont absolument convaincants même si le style peut paraître d’emblée comme étant un peu tiré par les cheveux.

Refused mettra le pied sur scène sur une musique rappelant les télé-séries américaines des années 80 du type Dallas. Dès les premières notes, on sent la fougue et l’assurance de Dennis Lyxzen qui jongle avec son micro et son pied de micro. C’est bourré de charisme, mais surtout d’intelligence, que le chanteur, au look de dandy, démontre encore toute sa souplesse. Le décor est sobre et dépouillé, aucune projection, quelques lumières à peine viennent éclairer la scène de leur blancheur. Même si Refused reste toujours bien fidèle à son style de Punk-Hardcore, le spectacle est empreint d’une grande diversité, jamais nous n’avons l’impression d’écouter des chansons qui se ressemblent, ce qui est souvent le cas avec autant le Punk que le Hardcore. Cette mince ligne délimite les groupes qui resteront bien gravés dans notre mémoire de ceux qui s’y effaceront dès le lendemain matin.

«Montréal, it’s monday night», comme si cette journée normalement terne prenait tout son sens. Le public a vite réagi par une pluie d’applaudissements lorsqu’il réalisa que Lyxzen essayait tout simplement de démontrer l’importance de cette réunion politique. De faire sortir des centaines de personnes de leur routine ce n’est effectivement pas rien, et ça représente plus que ce qu’on a tendance à imaginer. Sans jamais tomber dans la nostalgie, parce que le combat reste toujours à faire, Refused a décliné toutes les attentes sociales (social expectations), mais sans jamais décevoir celles de ses fans.

Photos: Martine Labonté