L’un des groupes les plus incongrus qui soient, Animal Collective, était de passage samedi soir dernier au Corona avec leur musique abrasive et éclatée. Ce trio ne laisse personne indifférent, soit l’on déteste soit l’on encense. Même chose pour chacune de leurs parutions; une panoplie de E.P pas écoutables de même qu’une panoplie tout à fait exceptionnelle. L’on ne sait jamais sur quel pied danser. Les expérimentations sont parfois si déroutantes qu’elles brusquent et font violence à l’auditeur, mais parfois le groupe nous plonge dans un nouvel univers jusque-là jamais exploré comme une musique venue d’une autre planète. Toujours face à l’inconnu. Et on y était devant l’inconnu samedi dernier. Animal Collective ont donné une performance venue d’ailleurs, parfois inégale et dérangeante, mais surtout envoûtante et captivante. Accompagné pour l’occasion d’un batteur exceptionnel, et plongé dans un magnifique jeu de lumière, le trio de DJ en a donné plein la vue à un public tout ouïe. Si Animal Collective était un film, ce serait le parfait mélange entre The Lion King et Trainspotting. Un peu trop ludique à mon goût, mais non moins intéressant.

En première partie, l’artiste Circuit des yeux a pour sa part donné une performance qui m’a semblé interminable. Une voix très basse et monotone, beaucoup de répétitions, une guitare douze cordes qui s’obstinait parfois durant de longues longues minutes à ne jouer que deux notes. Le public a semblé apprécier, mais pour ma part j’ai détesté. J’ai détesté l’abus total de reverb et de complaintes vocales qui étaient sans originalités ni profondeurs. Une tentative ratée de faire une musique aussi poignante que Dead can Dance ou les ballades d’Opeth. Je vous avoue m’être exclamé de joie intérieurement lorsque la dernière chanson a été annoncée. Trente minutes plus tard, nous étions toujours là, assis confortablement, à attendre que ça se termine. Peu de groupes peuvent se permettre d’étirer les chansons aussi longtemps que Godspeed You Black Emperor, et disons qu’ils peuvent se le permettre au nombre de musiciens qu’ils sont, une artiste solo ne peut tout simplement pas se permettre cela sans ennuyer profondément son public. Voilà c’est dit.

Texte: David Atman