C’est Woodstock 1999 pas débrouillé sur Pay Per View qui me les aura fait découvrir et La Maison Columbia qui m’aura distribué leurs albums. Le concert de Woodstock peut d’ailleurs être considéré comme désastreux, les commentaires sous le vidéo YouTube en témoignent et sont parfois d’une hilarité décapante. Ça fait tellement longtemps, mais les fans de Insane Clown Posse sont des plus fidèles. C’est comme une vie passée que nous ne pensions jamais recroiser.

Un bref mot sur les premières parties qui ont férocement diverti la foule avec chacun un Rap de qualité dans la veine de ce que pourrait produire Psychopatik Records. Reservoir Doggs était un choix tout à fait judicieux qui a sans contredit convaincu plusieurs. Les rappeurs locaux de Pimp Bizkit ont particulièrement réussi à préparer la foule à ce qui s’en venait avec leur juste interprétation de plusieurs chansons importantes du mouvement Hip-Hop. Esham, un précurseur de la scène Rap de Détroit, a suivi avec une performance d’une grande intensité et une énergie envoûtante.

L’attente fut profondément longue pour les Juggalos et Jugallettes d’ici, comme si le train du Shangri-la nous avait oubliés, comme si les mythes ne nous concernaient plus. Vingt longues années avant de revoir ICP dans notre ville portant si accueillante aux bébites et aux freaks. Dans le public de ce soir, personne ne devait y être en 1998. Nous aurons été patients jusqu’à la toute dernière minute. Ce concert aura été annulé avant d’être reconfirmé dans la même semaine, et nous aurons facilement attendu trois-quart d’heure avant de les voir finalement se présenter sur scène avec un retard qui laissait transparaître chez le public une légère impatience, voire même un certain doute qu’il y aurait bel et bien un concert. Mais les producteurs District 7 Production et Xtrem Productions ont réussi un coup de maître car tout était parfait. La très grande majorité des pièces classiques ont été interprétées, outre deux ou trois chansons d’importance mises de côté (Bitches, Homies, Terrible, et la version un peu écourtée de Under the Moon, l’une de leurs meilleures pièces), Violent J et Shaggy 2 Dope ont livré l’offrande du quatrième Joker, The Great Milenko, à la hauteur d’une attente de deux décennies. Leurs voix étaient parfaitement en forme, l’enchaînement des pièces précis, la mise en scène impeccable, et le Faygo très abondant. Le plancher de danse s’est transformé en carnaval et a été inondé de jus de clown. La pluie aura enlevé le plus gros, mais les Foufs ont maintenant beaucoup de liquide au raisin à faire évacuer de leur salle de concert. Ce fut le spectacle le plus divertissant de l’année, de la décennie, peut-être de ma vie.

Texte: David Atman

Photos: Martine Labonté